Il y a 70 ans, le 19 juillet 1936, les travailleurs espagnols descendaient dans la rue, prenaient les armes et provoquaient la grève générale dans de nombreuses régions d’Espagne pour répondre à la tentative de coup d’Etat nationaliste à caractère fasciste déclenché la veille. Cette réaction, qui peut apparaître comme spontanée, fut l’œuvre des organisations syndicales (CNT et dans une moindre mesure UGT) et politiques telles que la FAI (d’inspiration anarchiste) et du POUM (Parti marxiste anti-stalinien).
Ce film, d’orientation libertaire, revient sur les origines de l’anarchisme en Espagne, sa popularité dans les campagnes d’Andalousie ainsi qu’en Catalogne. Face à l’incapacité du gouvernement républicain à faire face au coup d’Etat du général Franco, les milices ouvrières ont organisé la lutte antifasciste. En même temps, l’Etat étant quasiment tombé en désuétude et incapable de gérer la situation militaire et économique et sociale, les syndicats, CNT et UGT ont pris en charge l’autogestion de la société et de l’économie. A Barcelone, l’industrie et les transports sont collectivisés. Dans les campagnes, de nombreux villages mettent en place des collectivités où la propriété privée comme souvent l’argent sont supprimés, où les terres sont rassemblées, travaillées collectivement et où les richesses produites sont redistribuées selon la bonne vielle devise « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Ce mouvement atteindra son plus haut point de développement en Aragon avec la constitution du Conseil des collectivités d’Aragon. Dans les premiers mois de la Révolution, malgré une situation de guerre civile et tout en devant assurer la lutte contre le fascisme, le mouvement révolutionnaire a réussi le pari d’augmenter la production par la collectivisation mais aussi de développer les écoles, le système de santé, l’accès à la culture, ou encore la condition des femmes dans la société (qui seront les premières à obtenir le droit à l’IVG !).
Malheureusement, un an plus tard, les conquêtes de la Révolution étaient remises en cause par les journées de mai 1937 à Barcelone où s’affrontent les militant-e-s révolutionnaires de la CNT, de la FAI et du POUM avec les forces républicaines et communistes souhaitant une reprise en main de la situation politique, militaire et économique par l’Etat central. Est-ce cette reprise en main qui explique la défaite du camp républicain ou était-elle nécessaire pour affronter le franquisme ? Voilà une question qui reste ouverte et intéresse au plus au point les historiens.
Excellent documentaire sur l’Espagne de 1936 dans lequel une trentaine d’anciens militants anarchistes témoignent de l’application concrète de l’autogestion par plusieurs millions de personnes en Catalogne et en Aragon. Intégralement disponible à partir de notre site.
Un film de Juan Gamero, Francesc Rio, Marina Roca et Mitzi Kotnik- 1h 34
Production : TVE Catalunya
Traduction et adaptation : Catherine Sine
Vivre l’utopie partie 1 par boxon64
Un film que j’ai souvent regardé, comme un héritage perdu. On est loin de cet anarchisme fréquemment rencontré, synonyme du « droit de faire n’importe quoi », raison pour laquelle je préfère me définir comme communiste libertaire, malgré l’image négative associée aujourd’hui au mot communisme.
Totalement séduit par l’autogestion populaire dans la Catalogne de 36 toujours très critique d’un certain type de socialisme, et de nombre de socialistes de notre temps, si éloignés des conditions de vie, des aspirations et des désirs des gens ordinaires.