Nous avions annoncé sur notre site la projection-débat du 9 décembre 2016 de l’Algérie du possible au cinéma La Clef. Malheureusement la salle ne pouvait contenir toutes celles et tous ceux qui voulaient y assister, mais notre association a enregistré la discussion – remercions particulièrement Bernard Richard et « Le carnet rouge ». Cette discussion très riche aurait bien continué sans les contraintes horaires. Des « anciens », mais aussi des jeunes ont pris la parole, et à Paris comme dans les nombreuses projections en province, on constate un grand intérêt. Le nombre de visionnages (plus de 600 en quelques jours) du débat sur le facebook du film atteste de l’actualité des questions soulevées dans L’Algérie du possible car l’expérience d’autogestion en Algérie n’est pas qu’une interrogation limitée au passé, et à un seul côté de la Méditerranée.
Au travers de l’histoire d’Yves Mathieu, père de la réalisatrice, avocat, qui avait choisi de rester dans l’Algérie indépendante, et qui meurt en 1966 victime d’un « accident » provoqué par un camion militaire dans des circonstances pour le moins curieuses, c’est en arrière-plan l’histoire de l’Algérie de l’indépendance jusqu’aux lendemains du coup d’État de Boumedienne qui se déroule. Et ces années là sont celles des tentatives et des expériences d’autogestion. Yves Mathieu – en sa qualité et avec ses compétences de juriste – a été un des rédacteurs des « décrets de 1963 » et Viviane Candas nous permet de vivre le quotidien dans lequel les acteurs de cette aventure ont dû répondre aux urgences pratiques des biens vacants, confrontés également aux résistances à l’autogestion. En effet, si cette dernière pouvait être brandie (comme le terme « socialisme ») en parole par beaucoup de dirigeants, on la voit bien freinée, voire sabotée par les différentes composantes de ceux qui vont constituer les nouvelles couches dominantes s’appropriant pouvoir et biens, expropriant un peuple dont dans le film certains se demandent s’il disposait – dans les conditions concrètes du moment – des moyens pour exercer l’autogestion.
Viviane Candas ayant choisi d’interroger celles et ceux qui avaient travaillé avec son père, l’on peut ainsi faire connaissance avec plusieurs des acteurs qui ont fait le pari d’un socialisme autogestionnaire. Présent dans le film, présent dans le débat du 9 décembre, l’apport de notre ami Mohammed Harbi est bien entendu très précieux, avec les contributions de Juliette Minces, Gérard Chaliand, Alice Cherki, Pierre Daum.
L’Association pour l’autogestion prend sa part pour faire connaître le film, et susciter des débats. Prochain rendez-vous à Cahors le 3 février avec Mohammed Harbi et Robi Morder dans le cadre du festival des droits de l’homme. (Ici l’invitation en pdf).
Bonjour,
Je suis heureux de lire que la projection rencontre du succès car lorsque je l’ai vu – certes c’était pendant les vacances de Noel – nous étions trois dans la salle et j’ai crains que malgré le grand intérêt de ce film, sa projection en salles ne dure guère !!
Henri Mermé