Pendant plus de trois ans, de septembre 1944 à 1948, quinze entreprises parmi les plus importantes de la région de Marseille vécurent une expérience exceptionnelle. Sous la houlette de «directions provisoires» et de «comités de gestion» représentant le personnel, plus de 14000 salariés de ces établissements réquisitionnés par Raymond Aubrac, Commissaire régional de la République à Marseille, remirent en route la production dans les jours suivant la Libération du pays. Cette «gestion ouvrière», ainsi nommée par les militants locaux de la CGT et du Parti communiste qui l’animaient, rencontra le plus souvent l’hostilité des actionnaires mais fut soutenue au départ par une large fraction de l’opinion. De vifs débats l’accompagnèrent. A examiner l’expérience au fil des mois, on s’aperçoit que furent posées ici la plupart des questions essentielles de la période et d’abord celles qui conduisirent aux grandes réformes de la Libération, depuis les comités d’entreprises jusqu’aux nationalisations. Mais surtout ces réquisitions amènent à s’interroger sur la signification exacte de la Libération et ses enjeux : il est évident que, pour beaucoup de Résistants, la Libération du pays fut inséparable de profondes transformations sociales : il fallait aussi libérer le Travail, améliorer le sort des salariés leur confier de nouvelles responsabilités. Enfin, cette étude permet d’aborder sous un éclairage neuf la position des grandes formations politiques et de remettre en cause certaines idées reçues à propos de la stratégie du Parti communiste, du Parti socialiste et du Mouvement républicain populaire dans une région clé. Autant de problèmes examinés par l’auteur à partir d’archives publiques et privées, pour la plupart inédites.
Publié par l’Harmattan, ISBN : 2-7384-2413-9 • 1994 • 222 pages • 21€85
Un article est paru dans l’Humanité le 3 mai 2011 à propos de ce livre.