En dépit d’un jugement défavorable du tribunal de commerce de Grenoble, les anciens salariés d’Ecopla basée à Saint-Vincent-de-Mercuze ne baissent pas les bras et occupent leur usine pour empêcher le déménagement en Italie des machines de la dernière unité de production de barquettes en aluminium. Ce jeudi 30 juin, ils tenaient une conférence de presse sur le site où des habitants de la région et de nombreux élus de tous bords sont venus leur apporter leur soutien.
17 juin, le tribunal de commerce de Grenoble rejette l’offre des salariés d’Ecopla pour reprendre les actifs de la seule usine d’emboutissage de barquettes en aluminium en France. Aux 100 000 euros proposés par les salariés, le Tribunal de commerce a préféré l’offre de 1,5 million d’euros de Cuki Cofresco, un groupe italien en difficulté, laquelle aboutira au déménagement pur et simple des machines et à la perte définitive d’un site industriel et des emplois correspondants dans la région. Jugement à très courte vue qui privilégie immédiatement les créanciers, qui sont principalement les Urssaf et l’AGS (Association pour la gestion du régime de Garantie des créances des Salariés), au lieu de maintenir les emplois et un savoir-faire dans la région. Il faut dire que les salariés, fortement appuyés et soutenus par l’Union régionale des Scop Rhône-Alpes, avaient réussi à rassembler 2,3 millions d’euros pour un projet qui prévoyait la sauvegarde immédiate de 20 emplois, avec la perspective de passer à 50 emplois sur trois ans.
Hier, jeudi 30 juin se tenait une conférence de presse sur le site de Saint-Vincent-de-Mercuze pour faire le point sur la situation. Outre une présence plus importante qu’à l’accoutumée des habitants de la région, de nombreux maires avaient fait le déplacement. On a noté la présence de Christophe Engrand, conseiller départemental (LR), Philippe Langénieux-Villard, conseiller régional (LR), Annie David, sénatrice (PCF), le député Pierre Ribeaud (PS). Tous unanimement, demandent une prise de position du procureur de la République qui pourrait, à l’instar de la SET en novembre 2012, casser ce jugement pour permettre le maintien du site industriel. Or pour l’instant, ce dernier n’a pas bougé. Comme le résume leur avocat, Pierre Janot, dans une interview auprès de France 3 Alpes, « L’État ne peut être schizophrène, il ne peut pas dire à la fois « nous voulons tout faire pour que les emplois soient préservés sur le plan industriel » et ne pas être capable d’oublier le volet purement financier, du moins créancier de cette affaire. »
Aujourd’hui, les salariés occupent leur usine pour empêcher un déménagement qui pourrait intervenir à tout moment, l’appel qu’ils ont introduit auprès du procureur n’étant pas suspensif. Ils ont lancé un appel aux habitants pour qu’ils viennent les aider à maintenir cette surveillance et intervenir en cas de besoin « même s’il faut désobéir » comme l’indiquait Annie David, sénatrice PCF de la circonscription. L’union régionale des scop s’engage aussi fortement. En conclusion de sa prise de parole, le directeur de l’Urscop, Michel Rohart, a appelé tous les élus présents à écrire à François Hollande et Manuel Valls pour leur exprimer le désir de voir vivre l’entreprise…