Pour la deuxième année consécutive, l’Union Syndicale Solidaires a consacré une journée au thème de l’ « autogestion et transformation sociale » dans le cadre des Rencontres interprofessionnelles annuelles qui se déroulaient du 6 au 12 octobre à Dunières-sur-Eyrieux en Ardèche 1. Comme l’an passé, deux syndicalistes et membres du Conseil de l’Association pour l’Autogestion (ApA), Catherine Lebrun et Richard Neuville, intervenaient le 11 octobre pour évoquer l’histoire et l’actualité de l’autogestion en France et en ailleurs, comme en Amérique latine et tenter de dégager des perspectives au niveau syndical.
Après avoir quasiment disparu du discours syndical et politique au cours des décennies 80/90, l’autogestion retrouve un certain intérêt auprès des associations, des mouvements collectifs ou coopératifs et des travailleurs en ce début de XXIe siècle. Dans la période de crise structurelle et de destruction massive d’emplois que nous traversons, il y a une certaine acuité pour le mouvement syndical à se réapproprier la question de l’autogestion, de réfléchir à des perspectives de luttes offensives qui posent les questions du contrôle ouvrier, de la gestion ouvrière, des contre-plans alternatifs et de la reconversion écologique de l’industrie.
Ce n’est sans doute pas complètement un hasard que ce soit l’US Solidaires qui amorce ce mouvement car plusieurs syndicats et fédérations membres font référence explicitement à l’autogestion dans leurs statuts et ont participé activement à la foire à l’autogestion en juin 2012 à Paris. De même, les propositions esquissées par cette organisation en réponse au plan de licenciements à PSA, publiées dans un tract en septembre 2012, témoignent de cette évolution 2 :
« * Un débat doit s’ouvrir avec les salarié-es concernés mais aussi avec l’ensemble de la population sur les questions de la socialisation, du contrôle des salarié-es sur ce qu’ils et elles produisent, sur l’utilisation de la plus-value dégagée, sur les investissements utiles à la société… Ces questions se posent pour la filière automobile comme dans les autres secteurs productifs.
* Les salarié-es doivent être protégés des aléas des restructurations dues aux évolutions de la filière automobile. Pour cela, un fonds financé par le patronat de la branche doit permettre aux salarié-es de garder leur rémunération, leur protection sociale et plus globalement l’ensemble de leurs droits sociaux, pendant le temps nécessaire pour retrouver un emploi comparable, et prendre en charge le financement de leur éventuelle reconversion.
* A l’échelle nationale et européenne, il faut engager un débat démocratique sur l’avenir, la transformation de l’industrie automobile selon des choix technologiques décisifs du point de vue écologique et de l’espace urbain. »
L’ApA ne peut que se féliciter de cette initiative et de cette prise de position de la part de l’U.S. Solidaires en espérant qu’elle soit suivie par d’autres organisations syndicales.