venezuela-occupationAvec l’Argentine, le Venezuela fait partie des pays où l’idée de récupération d’entreprises et de gestion par les travailleurs a été le plus discutée. Pourtant, loin d’avoir ouvert un large chemin vers l’autogestion des entreprises, le processus bolivarien a plutôt créé un sentier escarpé.

 

 

Avant tout, une lutte pour l’emploi

De l’occupation d’une entreprise à sa gestion par les travailleurs, rien n’est joué. La relance de la production de manière autogérée est souvent la fin d’un processus de lutte pour défendre le droit au travail. D’une occupation, il y a encore un pas à faire pour que ses « combattants » demandent le contrôle ouvrier, et un saut pour qu’ils puissent l’obtenir. Les travailleurs recherchent avant tout la protection de leurs emplois. Il faut donc différencier entreprises « occupées » et entreprises « récupérées » gérées par les travailleurs, même si elles font partie d’un même mouvement.

Contrairement à l’Argentine, au Venezuela l’idée de récupérer les entreprises fermées a surtout été impulsée par l’État. La nouvelle loi du travail prévoit plusieurs procédures pour éviter les fermetures injustifiées d’entreprises privées. Les articles 148 et 149 symbolisent dans bien des cas tous les espoirs des travailleurs. Ils permettent d’activer une procédure qui peut aboutir à une nationalisation de l’entreprise.
Mais ces articles, même s’ils constituent un outil important pour les travailleurs (qui serait envié par bien des travailleurs européens), posent aussi problème.

Une autre contradiction du contrôle ouvrier au Venezuela est que, la loi offrant une porte de sortie (en l’occurrence la nationalisation), l’idée de reprendre la production sous contrôle ouvrier sans attendre l’intervention de l’Etat est peu répandue. La lutte s’oriente sur l’occupation de l’usine comme moyen de pression, et rarement comme moyen de production autogéré.

Du contrôle ouvrier à la bureaucratie

Des lors, le but des mouvements qui militent en faveur du contrôle ouvrier est d’obtenir la nationalisation, mais avec une gestion réelle de la part des travailleurs. Dans la théorie, l’idée est que les entreprises appartiennent à la société – à travers l’Etat Bolivarien – et puissent dès lors avoir une utilité sociale, tout en conservant le principe de la gestion par les travailleurs. Dans la pratique, cela ne va pas sans poser de problèmes. Une fois la nationalisation obtenue, c’est souvent un autre combat qui commence.

 

Des exemples concrets

A y regarder de plus près, la « révolution bolivarienne » n’a pas su impulser un vaste mouvement d’entreprises récupérées et autogérées. Si les nationalisations ont été nombreuses (plus de 1500 ces dernières années, selon le front « bicentenario » des entreprises sous contrôle ouvrier), les entreprises récupérées (nationalisées ou non) qui fonctionnent sous contrôle ouvrier, elles, font figure d’exception. Mais les exemples existent.

Le chemin vers cette veille utopie du travail démocratique reste donc à construire au Venezuela. Mais un sentier a été ouvert.


Un reportage de Construire l’utopie réalisé par Edith Wustefeld et Yan Verhoeven

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