Guy avait commencé son parcours militant à Cannes, alors qu’il était lycéen.
Il avait adhéré aux JC et avait été élu délégué des JC des Alpes-Maritimes au festival mondial de la jeunesse de Berlin en 1973.
Mais il s’est reconnu ensuite dans la radicalité de l’extrême-gauche, davantage que dans le réformisme du PCF et de l’Union de la gauche.
Et il s’est rapidement orienté vers la LCR qu’il a rejoint l’année suivante.
Critique vis-à-vis d’une conception autoritaire du parti et attiré par l’autogestion, il quittera la LCR en 1978 pour rejoindre à Nice les marxistes-révolutionnaires pour l’autogestion, organisés alors dans les Comités Communistes pour l’Autogestion (CCA), au moment où il deviendra instit et militant syndical d’abord au SNI et à l’Ecole Emancipée puis au SGEN-CFDT.
Il en deviendra un militant d’autant plus actif que ce syndicat était, dans les Alpes-Maritimes, partie prenante de la gauche syndicale cédétiste, dans l’esprit maintenu et prolongé des années 68, de la contestation de l’Ecole capitaliste à celle de la hiérarchie -et notamment de l’inspection- dans l’Education nationale.
Passé par la sociologie, il était curieux aussi des thématiques de l’éducation populaire et complétait alors ses engagements politiques et syndicaux par un engagement associatif au sein de Culture et Liberté. Il était également un militant actif du MRAP, mais aussi des Collectifs de Soutien à la Lutte du Peuple Corse (CSLPC) et de l’Association d’Information et de Soutien au Peuple Kanak (AISDPK).
Passant un CAPES interne, il est devenu prof de sciences économiques et sociales et s’est impliqué dans l’Association des Profs de SES (APSES)
Après avoir rencontré Dany à ATTAC dont il était membre dès la fondation, Guy a décidé avec sa nouvelle compagne de quitter les Alpes-Maritimes pour s’installer en Guyane. La société des « métros » ne lui convenait pas et il ne supportait pas le « casque colonial » de la plupart de ses collègues de Cayenne. De manière cohérente et conséquente, ce qui l’a distingué de nombre de militant·es de gauche venu·es de métropole dans les confetti de l’empire en fermant les yeux sur les réalités coloniales -et pour en profiter, comme le disait Guy-, il a alors rejoint le mouvement indépendantiste, tant sur le plan syndical que sur le plan politique. Il évoquait alors avec une passion -qu’il faisait partager à ses interlocuteurs/trices- ses longues discussions avec Maurice Pindard, l’un des principaux animateurs du Mouvement pour la Décolonisation et l’Emancipation Sociale (MDES).
A son retour dans les Alpes-Maritimes, Guy s’est installé avec Nina à Pégomas et il a prolongé et renouvelé ses engagements.
Sur le plan politique, il est toujours resté fidèle à la gauche alternative : après les CCA puis la FGA et les Comités de soutien à la candidature Juquin -où se cotoyaient gauche alternative et dissidence communiste- en 1988, il a participé à l’Alternative Rouge Et Verte (AREV) puis à son élargissement à une nouvelle dissidence communiste et à des écologistes pour fonder un mouvement plus large : les Alternatifs.
Sur le plan associatif et syndical, il a repris sa place au MRAP, à ATTAC et à l’APSES, et rejoint Solidaires à travers Sud-Education.
Avec d’autres, et en reprenant des manuscrits de Michel Fiant après sa disparition, Guy a participé à l’aventure du livre collectif « Autogestion, hier, aujourd’hui, demain » paru chez Syllepse en 2010. Une aventure collective qu’il a prise très au sérieux et à laquelle il a contribué activement, dans l’équipe rédactionnelle et en particulier dans l’écriture des contributions consacrées à l’éducation et à l’altermondialisme. Il avait, du reste, été présent au FSM de Porto-Alegre de 2003 dans la délégation des Alternatifs.
Après l’aventure du livre « Autogestion… », Guy a été partie prenante de la fondation de l’Association pour l’Autogestion. Et, après le choix -partagé par Guy- d’une large majorité des Alternatifs de se fédérer avec d’autres courants de la gauche critique et alternative dans un nouveau mouvement, Ensemble !, et de rejoindre, malgré une approche critique, le Front de Gauche, il a également participé à la création du Réseau pour l’Autogestion, les Alternatives, l’Altermondialisme, l’Ecologie et le Féminisme (3AEF). Dans ce Réseau chargé de conserver et d’actualiser le patrimoine de la gauche autogestionnaire, avec d’autres ex-Alternatifs, Guy était particulièrement actif : il était membre de son équipe d’animation.
Depuis plus de trois ans, la maladie le faisait beaucoup souffrir. Son double cancer l’avait amené à limiter ses activités. Mais il était fidèle à ses engagements de toujours. Il avait même, ces derniers mois, repris une activité régulière au sein d’ATTAC, à l’antenne locale de Mouans-Sartoux. Il avait rejoint la nouvelle équipe du CA d’ATTAC 06 à l’occasion d’une assemblée générale tenue en visio à l’automne 2020. Et il avait participé en novembre dernier à l’AG nationale d’Ensemble !
Guy était affaibli mais ses qualités intellectuelles étaient intactes. Sa qualité d’écoute, sa finesse et ses capacités d’analyse, construites et confortées dans des cadres collectifs, avec un travail d’équipe depuis plus de quarante ans, étaient encore d’un grand apport.
Depuis l’arrivée tardive dans sa vie de ses deux fils -un rêve qui était le sien depuis quarante ans!-, ses deux trésors étaient sa priorité absolue.
Mais, bon pied bon œil, il était toujours d’une grande curiosité politique et sociétale, et continuait d’avoir d’autres passions : la littérature, le cinéma, le jazz… et le football.
Il avait pris sa retraite à temps, après plusieurs décennies d’activité professionnelle raccordée à ses engagements citoyens et à un respect et une bienveillance rares vis-à-vis de ses élèves.
Ce sera difficile de continuer sans lui. C’est pourtant ce qu’on fera, ce qui est le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre, toutes et tous ensemble.
Ciao Guy !