Bien qu’elle n’ai pas participé à la Commune, elle marque, dans la suite d’Olympe de Gouges ou de Théroigne de Méricourt, l’entrée des femmes dans la lutte pour leur émancipation et dans le mouvement révolutionnaire du XIXe siècle. Elle est un peu, à ce titre, une marraine de celles qui vont prendre part à l’insurrection Parisienne. Bien sûr, il y en a eu d’autres, mais son influence est largement reconnue.
Née à Besançon, Jeanne-Marie Poinsard, elle grandit dans une famille d’artisans protestants et républicains. Écrivaine, militante révolutionnaire et surtout féministe, elle n’aura de cesse de combattre pour l’émancipation des Femmes, que ce soit dans la société française ou au sein même, du mouvement révolutionnaire, encore très sexiste, à cette époque.
En 1817, elle part à Paris.
En 1836, après 4 ans de mariage, elle se sépare de son mari et plaide pour le divorce, interdit alors.
Après avoir suivi une formation d’enseignante, elle dirige une école privée de filles. Elle se lance, par la suite, de manière autodidacte, dans l’étude de la physiologie et l’histoire naturelle. Elle obtient un diplôme en médecine homéopathique, suit une formation de sage-femme à la Maternité et travaille dans les années 1850 comme gynécologue et pédiatre. Elle assure également des cours du soir pour les travailleurs des deux sexes.
Elle entame son engagement politique en 1840, par la publication de 2 romans de critique sociale. Elle adhère aux idées socialistes de Cabet (un théoricien politique français classé parmi les socialistes utopiques par Karl Marx et Friedrich Engels, qui lui opposent un socialisme scientifique). Elle participe à la révolution de février 1848. Elle fonde dans le même temps, la Société pour l’émancipation des femmes dont elle est secrétaire, visant à se battre pour la liberté et les droits civils des femmes.
Dans les années 1850, elle porte la voix des femmes sur la scène publique et chez les philosophes sociaux, notamment par la publication d’articles dans la Revue philosophique et religieuse, en réponse aux propos misogynes de Proudhon.
Jenny est, d’ailleurs connue, pour ses échanges avec celui-ci, qui pense que la Femme est naturellement inférieure intellectuellement.
Son ouvrage principal « La femme affranchie », porte le sous-titre : réponse à MM. Michelet, Proudhon, É. de Girardin, Legouvé, Comte et autres novateurs modernes. Elle va reprendre les arguments biologiques, dont ces penseurs, surtout Proudhon, se servent pour expliquer l’infériorité de la femme, à son propre compte et en souligner toute l’absurdité, ayant, en outre, une bien meilleure connaissance du sujet, que ceux-ci, de par ses études : « l’Anatomie vous dit : chez les deux sexes, la masse cérébrale est semblable pour la composition et, ajoute la Phrénologie, pour le nombre des organes. Il s’en suit que la distinction entre des hommes autonomes et des femmes assujetties n’est pas une loi naturelle, mais une décision politique et une pratique sociale : Eh ! Non, Messieurs, ce ne sont pas là des hommes et des femmes : ce sont les tristes produits de votre égoïsme, de vos affreux esprits de domination, de votre imbécilité… »
Jenny fait voler en éclats, l’argument biologique de la position de la femme dans la société, pour faire ressortir, au contraire son aspect social. Elle parle de «l’annihilation sociale de la femme». Elle est l’une des marraines de la sociologie, avec Émile Durkheim et Auguste Comte, mettant en évidence le lien social et notamment le lien sexuel qui noue les rapports humains et condamne la femme à un statut de sous-citoyenneté. «Mon but est de prouver que la femme a les mêmes droits que l’homme. De réclamer en conséquence son émancipation ; enfin d’indiquer aux femmes qui partagent ma manière de voir, les principales mesures qu’elles ont à prendre pour obtenir justice. Le mot émancipation prêtant à équivoque, fixons-en d’abord le sens. Émanciper la femme, ce n’est pas lui reconnaître le droit d’user et abuser de l’amour : cette émancipation-là n’est que l’esclavage des passions ; l’exploitation de la beauté et de la jeunesse de la femme par l’homme ; l’exploitation de l’homme par la femme pour sa fortune ou son crédit. Émanciper la femme, c’est la reconnaître et la déclarer libre, l’égale de l’homme devant la loi sociale et morale et devant le travail » (p. 6 et 7).
Avec ce livre, Jenny va marquer les esprits et encourager beaucoup de femmes à entrer dans le combat politique et féministe, et en faire accepter l’idée chez les socialistes. Son influence va s’étendre dans d’autres pays d’Europe. Jenny vient d’ouvrir une porte.
Elle gagne les États-Unis en 1864 où elle séjournera jusqu’en 1872. Elle participe, là-bas aux activités féministes.
Bonjour.
La première ligne de l’article pourrait prêter à malentendu. En fait Jenny d’Héricourt avait émigré en 1863 aux Etats-Unis (où son livre La femme affranchie fut traduit l’année suivante), et à ma connaissance s’y trouvait encore en 1871 : il n’y a donc pas lieu d’attribuer de signification plus directe à sa… non-présence.
Cordialement