Dans le contexte du démantèlement des services publics opéré en Grèce par la Troïka (FMI, Union européenne et BCE), un tiers de la population est aujourd’hui sans couverture médicale. Les dispensaires et pharmacies sociaux solidaires sont des structures autogérées organisées par des bénévoles avec la double mission de :
- Procurer des soins médicaux gratuits et des traitements médicamenteux à toutes les personnes qui sont privées de couverture sociale ou ne disposent pas des moyens financiers pour se soigner ;
- Militer pour un système de santé public de qualité, accessible à toutes et à tous et pour le respect des droits des patients dans une société qui serait libérée de la férule de l’austérité. Pour cela les militants des dispensaires (des intervenants et des patients) en lien avec les organisations syndicales du secteur sanitaire et avec des associations citoyennes, revendiquent une santé pour tous. Ils organisent aussi des interventions auprès des administrations hospitalières pour imposer l’accès gratuit aux soins, parfois sous forme d’actions de manifestation ou d’occupation de locaux hospitaliers.
Les dispensaires et pharmacies sociaux solidaires sont une réponse militante aux mesures d’austérité et à la crise sociale présente en Grèce depuis 2009. Les plus anciens d’entre eux ont à peine plus de deux ans d’existence. Ce qui distingue ces structures des autres structures humanitaires, c’est leur engagement militant.
Jusqu’aujourd’hui, environ 50 dispensaires solidaires sociaux fonctionnent dans toute la Grèce grâce à l’action et le travail de bénévoles. Des médecins, généralistes ou spécialistes, des dentistes, des pharmaciens et des citoyens s’y engagent. Aujourd’hui environ 700 bénévoles y participent en tant que permanents ou membres des réseaux affiliés. Des dizaines de milliers de patients sont soignés par les dispensaires sociaux. Les dispensaires sociaux fonctionnent grâce aux dons citoyens et n’acceptent pas de subventions publiques ni dons d’entreprises privées. Ils dispensent des médicaments collectés par les citoyens. Les décisions sont prises en Assemblées Générales. Il y a un effort pour la mise en commun de moyens et la coordination de leurs actions. Des actions communes se font avec d’autres structures actives dans d’autres domaines de solidarité.
Les structures solidaires militent fermement pour le respect des droits pour toutes les personnes au delà des différences, et sont hostiles à toute notion de clientélisme ou de récupération à des fins étrangères à leurs objectifs. Il s’agit aussi d’une prise de position contre la société de pauvreté et de misère, présentée au peuple grec par les gouvernants comme seule alternative de survie.
En France, depuis deux ans, le Collectif France-Grèce Solidarité pour la santé regroupe des bénévoles, souvent liés au milieu médical, qui font connaître ces initiatives et collectent des fonds pour répondre aux besoins de ces structures. D’ores et déjà quelques dizaines de milliers d’euros ainsi que du matériel médical ont été collectés.
Afin de comprendre le fonctionnement de ces structures, nous publions ici un reportage d’Eirini Stavrakopoulou et Elena Grigoriadou sur le dispensaire de Peristeri dans la région d’Athènes.