Si les SCOP ont un taux de survie supérieur aux autres entreprises, il n’en reste pas moins vrai que certaines d’entre elles peuvent aussi connaître la faillite. Merceron SCOP-SA, entreprise de Châtellerault, est l’une d’elle. En juin 2005, le groupe Lafont industrie cesse son activité de carrosserie industrielle sur le site de Châtellerault. Les 84 salariés sont licenciés. Après 6 mois de bataille judiciaire, 27 d’entre eux rachètent l’entreprise et relancent l’activité à leur compte sous la forme d’une SCOP. Le film suit cette entreprise sur deux ans en filmant son activité et les témoignages des acteurs de cette expérience.
Très vite, un certain malaise est perceptible. Un PDG qui endosse le costume de commercial tout en faisant un usage immodéré du « petit peu » dans nombre de ses phrases. Un débat probablement vite étouffé sur l’organisation de l’entreprise : « On leur a fait comprendre qu’il y a une hiérarchie, que ça s’organise de telle façon… On était tous des collègues, à peu près tous du même niveau. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, il y a une direction, il y a un directeur, il y a un PDG, il y a des chefs d’ateliers qui ne sont plus les mêmes qu’avant, des responsables d’équipes, mais aujourd’hui ça ne pose plus de problème ».
Deux ans plus tard, les difficultés économiques imposeront à l’entreprise de déposer son bilan. Moments amers pour les uns et les autres, moments durant lesquels les langues tentent de se délier mais n’arrivent pas à exprimer clairement les raisons d’une telle situation.
Certains spectateurs ressentiront probablement des longueurs dans ce film. Peut-être sont-elles révélatrices de ce curieux climat dans lequel les rancœurs peinent à s’exprimer ? Les scènes qui montrent des difficultés techniques permanentes ne permettent pas d’en comprendre les raisons tant les non-dits sont nombreux…
Qui des salariés ou de la direction a raison ? Alors que le Conseil d’administration, composé de salariés coopérateurs, aurait pu imposer un changement de management, ce débat n’aura jamais lieu, expression de la puissance des représentations libérales dominantes… Le manque d’autogestion a sans doute été pour beaucoup dans la faillite de cette SCOP.
Un film de Gabrielle Gerll et Romain Lardot
Production : l’Image d’après – Réel Factory – TV Tours
France / 2011 / 71 minutes
VO Français
http://www.lafamilledigitale.org/fr/dvd/merceron-scop-sa.html