En mars 2014, une nouvelle équipe municipale se réclamant de la démocratie participative remporte les élections municipales de Saillans, une commune d’environ 1200 habitants. Quelques mois après, en septembre 2014, Joël Feydel interviewe Sabine Girard et Fernand Karagiannis, membres de l’équipe municipale.
Quelle est la genèse de cette expérience originale ?
Suite à une rencontre assez classique pour monter une 2e liste aux élections municipales (en opposition au maire sortant), un petit groupe (3 personnes) a lancé l’idée de monter une liste « autrement ». Ce « autrement » renvoyait à une pratique de la gestion communale différente de celle de la précédente mandature et basée sur les principes de la collégialité, de la participation, de la transparence, mais aussi sur des valeurs telles que le respect de l’environnement et de l’autre ainsi que du bien vivre ensemble.
Très vite, ce petit groupe s’est ouvert à d’autres habitants qui ont adhéré à cette idée de prendre en main la gestion de la commune et surtout de la gérer autrement. Cette idée a en particulier trouvé écho auprès de personnes impliquées dans les nombreuses et dynamiques associations de Saillans, mais aussi auprès de celles qui s’étaient mobilisées il y a quelques temps contre un projet d’implantation de supermarché à la périphérie du village.
Cette lutte avait rassemblé un nombre important de personnes et conduit à la création d’un collectif citoyen « Pays de Saillans Vivant » ( www.paysdesaillansvivant.fr) qui s’était fixé comme objectif une veille sur la politique communale, notamment en assurant la présence d’habitants lors de chaque conseil municipal ou communautaire. Il y a eu de plus la création d’un journal citoyen « Quésaquo » qui a abordé les problématiques du territoire et qui a permis une réflexion sur la place du citoyen en dehors des périodes électorales. En outre, grâce à une vie associative intense, les échanges n’ont pas attendu la campagne électorale et cela a permis de nombreuses rencontres et découvertes… Des initiatives locales rassemblent beaucoup de personnes sur des projets collectifs, tels par exemple le local associatif L’Oignon.
Vous êtes-vous référés à des expériences connues (ex : Porto Alegre), ou êtes-vous partis seuls ?
Au départ, pas spécialement, même si nous avons diffusé l’année dernière une vidéo de la participation à Porto Alegre dans un local associatif de Saillans (animé par André Duny de la Coopérative de la Nouvelle Education Populaire CEN). Mais pour les 3 personnes du départ, on peut dire que c’est la spontanéité qui a prévalu et surtout cette envie de motiver des habitant(e)s.
Quelles étaient les motivations les plus importantes ?
Les motivations les plus importantes ont été de rassembler sans frein générationnel, de donner envie à des personnes plus jeunes de s’impliquer dans le projet. Il s’agissait aussi de rassembler les énergies diverses qui se développent dans des associations différentes sur Saillans. Nous voulions aussi montrer qu’il n’y avait aucune prétention personnelle parmi nous mais bien une volonté de rassembler autour d’une idée innovante et motivante. Nous avons fait un pari : monter une liste, sans programme préétabli, mais à construire avec les habitants, sans candidats ni de tête de liste au départ.
Y a t-il eu une réelle participation des habitants pendant la campagne ? De quel ordre ?
Oui ! Cette campagne n’aurait pas pu avoir lieu sans l’implication des habitants. Elle aurait pu s’arrêter dès l’été 2013 si d’autres citoyens ne nous avaient pas rejoints. La campagne a même été la première expérience concrète de démocratie participative. Elle a été l’occasion d’expérimenter des méthodes de participation et de montrer que ces dernières pouvaient mener à des résultats bien concrets. Pendant six mois, tout le monde s’est intéressé à la vie politique du village, si bien que 79% des électeurs se sont déplacés aux urnes le 23 mars.
Dès juillet, le petit groupe de départ s’est ouvert et il a été décidé d’organiser des réunions publiques, afin d’informer mais aussi d’impliquer l’ensemble des habitants du village. Quatre réunions publiques ont ainsi eu lieu : la première en novembre, visait, à partir d’un diagnostic du village (aspects positifs et négatifs) à déterminer des orientations pour le village ; la seconde réunion, en décembre a permis de formuler des propositions de projets répondant à ces orientations. Elle a aussi été l’occasion d’identifier les habitants prêts à s’impliquer soit en participant aux futures commissions participatives, soit comme candidats à l’élection municipale. Chacune de ces réunions a réuni plus de cent personnes (sur 1200 habitants), ce qui témoigne d’un véritable engouement. 21 habitants se sont spontanément déclarés intéressés pour être candidats à l’élection municipale. D’âges et de professions divers, originaires de Saillans ou plus récemment arrivés, ils ne se connaissaient pas nécessairement. Ils se sont réunis régulièrement pendant deux mois afin de définir ensemble les principes et les valeurs qui les unissaient, d’élaborer un schéma de fonctionnement de la future municipalité et de finaliser la liste des 15 candidats avec un binôme de tête : maire et 1ère adjointe. Ce binôme a été choisi à la fin de la réflexion, après avoir défini les profils attendus : des personnes disponibles, capables d’écoute et de médiation. Ce groupe a également fait un travail de compilation des premières réunions publiques afin de proposer des orientations pour les six ans de gestion communale à venir. La troisième réunion publique a eu lieu en février et a permis de présenter et d’échanger avec les habitants sur ce fonctionnement et les orientations de la future mairie. Enfin, la quatrième réunion publique a été celle du lancement officielle de la campagne, avec la présentation de la liste. Plus de 250 personnes y ont assisté.
Le montage de la liste a t-il été l’œuvre de « meneurs professionnels », ou une place importante a-t-elle été prise par la population ?
Il n’y avait pas de professionnels de la politique parmi les membres de notre liste mais juste des personnes impliquées dans des associations locales. Aucune n’avait déjà exercé de mandat d’élu. Le seul aspect « professionnel » de la démarche a été d’intégrer les méthodes de l’éducation populaire lors des réunions. Les réunions publiques ont été des succès notamment parce qu’elles ont été préparées par une formation de certains comme animateurs de réunion. Faire tourner la parole, ne pas laisser les « grandes gueules » prendre le pouvoir sur une réunion, faire des petits groupes permettant à chacun de s’exprimer, puis faire remonter ces paroles au grand groupe, s’assurer d’atteindre l’objectif que l’on s’est fixé en début de réunion, etc.. Nous avons eu un apport essentiel d’un professionnel de l’animation et la confirmation que cette méthode devrait être proposée tout au long de la prochaine mandature, qu’elle pourrait constituer un outil pratique clef dans la mise œuvre d’une démocratie participative. Plus que des idées politiques (au sens des « partis politiques » classiques), notre liste a choisi de mettre en avant ces éléments de méthode, ainsi que les valeurs qui nous animaient. Ces éléments ont d’ailleurs été formalisés dans une « charte » (cf. annexe).
Avez-vous identifié des blocages particuliers, avant et pendant la campagne ?
Des personnes nous ont quittés en cours de route, ne comprenant pas quelle était notre « programme », entendu comme des projets correspondant à des financements. Elles ont eu du mal à accepter cette envie de co-construire ces projets d’une manière collaborative avec les habitants qui venaient discuter lors de ces réunions publiques. L’idée s’est donc propagée que nous n’avions aucun programme (ce que l’ancien maire a savamment distillé dans la presse et le village). Mais c’est exactement le contraire. Notre programme était particulièrement porteur puisqu’il s’appuyait sur le travail réalisé par les habitants lors des réunions publiques.
Etes vous partis d’abord sur des valeurs, un programme, une opposition, une envie…?
Nous sommes clairement partis de valeurs et de principes qui nous rassemblaient (la participation, la collégialité, la transparence, le respect des autres et de l’environnement, etc.). Nous sommes aussi partis d’une envie commune de prendre en main la gestion de notre commune autrement, c’est-à-dire en évitant les dérives que nous constations dans le fonctionnement de l’ancienne municipalité. Nous avons ensuite été portés par l’engouement d’une bonne partie de la population.
Souvent les programmes électoraux font étalage de projets tous plus ambitieux et nombreux les uns que les autres, basés essentiellement sur de l’investissement matériel (un nouveau centre aquatique, un nouveau stade, … et qui souvent ne dépassent pas le stade de l’intention, d’ailleurs !). Notre ambition à nous était de placer l’humain au cœur de notre programme. Miser sur les savoirs et savoir-faire, sur les envies et les énergies de chacun d’entre nous, et montrer qu’ensemble, beaucoup de choses deviennent possibles.
Quels grands axes ont émergé au final ?
Les grandes orientations ont été définies après trois réunions publiques. Et un certain nombre de projets ont été avancés, à titre d’exemple seulement. Globalement il s’agissait de :
- FAVORISER LE LIEN INTERGÉNÉRATIONNEL, important pour vivre mieux et longtemps au village ;
- CRÉER DU LIEN SOCIAL : la population de Saillans est riche en diversité, en compétences et en initiatives. Ensemble, il est possible de faire de grands projets ;
- CONSERVER ET FAVORISER LA DYNAMIQUE ÉCONOMIQUE LOCALE, en protégeant et en valorisant le cadre de vie exceptionnel de Saillans.
Qualifieriez-vous votre projet de « démocratie directe » ?
Oui en partie. Nous restons dans le fonctionnement classique d’une mairie prévue par la loi, tout en mettant en place des garde-fous contre deux dérives de ce fonctionnement classique :
Contre l’accaparement du pouvoir par quelques-uns (le maire et ses adjoints) et, en corollaire, le désinvestissement des autres élus, nous avons choisi de confier des responsabilités à l’ensemble des conseillers municipaux qui le souhaitaient (par le système de délégation de fonction) ; nous avons également instauré un fonctionnement par binôme afin d’éviter toute prise de décision isolée.
Afin d’impliquer réellement les habitants, au-delà du seul vote tous les six ans, nous avons instauré des commissions participatives et nous comptons également mettre en place des référendums locaux pour les grandes décisions. Ce sont des outils proposés par la loi mais qui sont peu souvent mis en place concrètement, surtout dans les petites communes. De plus, nous investissons beaucoup dans la transparence : ouverture au public des réunions de travail des élus, communication sur les activités de la mairie : site internet, lettre d’information, agenda communal, panneaux d’affichage, etc.
L’acte politique majeur d’une municipalité, c’est le budget. Sur ce sujet important et délicat, allez vous aussi innover, ou mettre une commission de spécialistes ?
Nous avons créé une commission participative « Finances Budget ». Elle se substitue à la commission municipale traditionnellement créée à cet effet, en y intégrant des habitants en plus des élus. C’est une instance de proposition, mais également un lieu d’étude des dossiers et projets. Son objectif principal est d’aiguiller les élus, mais aussi de rendre les comptes municipaux accessibles à tous les habitants.
Qu’avez vous prévu pour faire remonter les propositions des habitants au Conseil Municipal ?
La participation des habitants est envisagée principalement autour de deux instances : les « commissions participatives » et les « groupes actions-projets ». En plus de la commission « finance et budget », six autres commissions participatives ont été créées (aménagement et travaux ; mobilité, environnement et énergie ; vivre longtemps au village, santé et social ; enfance, jeunesse, éducation ; associations, sport, loisirs, culture et patrimoine ; économie et production locale). Elles sont chacune coordonnées par des binômes d’élus référents. Elles ont lieu une à deux fois par an et visent une réflexion sur le thème. Elles doivent permettre de faire émerger des projets concrets. Ces projets sont ensuite étudiés dans le cadre d’un groupe de travail plus restreint, les « groupes action-projet », qui rassemblent également des habitants et des élus. Ils étudient le projet en collaboration avec les agents techniques et administratifs de la mairie ainsi que la commission budget. La validation finale du projet demeure toujours du ressort de l’ensemble des élus (lors des conseils municipaux ou des comités de pilotage).
Les propositions des habitants nous parviennent donc essentiellement par le bais de ces commissions participatives. Mais au-delà de ces propositions, les habitants qui le souhaitent peuvent également s’investir dans la construction et l’étude des projets, en mettant à contribution leurs savoirs et savoir-faire. A l’occasion des premières commissions participatives, nous avons pu nous rendre compte de la diversité et de l’étendue des compétences dont nous disposions sur le village. Miser sur l’humain plutôt que l’investissement matériel, c’est cela. L’ensemble des groupes action-projet qui vont se succéder dans le village devraient faciliter la vie et le travail des élus mais ils devraient également être source d’innovation et de dynamique permanentes dans le village. A l’heure actuelle, il existe déjà 5 groupes action-projet (GAP) : Animation du village, Transparence-Information, Rythmes Scolaires, Aménagement de la grand’rue, Extinction de l’éclairage public la nuit. Des résultats bien concrets sont déjà là ou imminents, comme la création et alimentation du site internet de la mairie ou la réalisation d’un livret d’accueil des habitants, le choix d’un nouveau mobilier urbain, des plannings d’extinction de l’éclairage public adaptés aux différents quartiers et périodes de l’année, ou encore l’emploi d’un animateur pour mettre en œuvre dès la rentrée prochaine des temps d’activité périscolaire répondant à un véritable projet pédagogique. Le système participatif est un système qui peut être très efficace. En peu de temps, par le travail conjoint d’élus et d’habitants, une multitude de projets peuvent prendre forme : ce sera d’ailleurs une de nos prochaines difficultés : réguler dans le temps toutes ces propositions et actions !
Toutes les catégories de la population (vieux, jeunes, enfants) sont-elles concernées, parties prenantes ? Avez-vous des exemples ?
Si nous avons gagné la bataille électorale c’est bien grâce à un enthousiasme qui a été partagé par plusieurs générations. La liste a également mélangé des habitant originaires du village et des habitant plus récemment arrivés, autre distinction souvent source de fracture à la campagne. La liste a associé des candidats de 19 à 66 ans. Nous avons fait tomber le mur générationnel des associations classiques et si un travail reste encore à faire au niveau des adolescents et jeunes adultes pour les impliquer dans les décisions, nous pouvons affirmer que toutes les commissions offrent une diversité de générations.
Une fois passé l’enthousiasme des premiers moments, très souvent on assiste à une désaffection. Avez-vous imaginé comment résoudre ce délicat problème, pour faire en sorte que le maximum de personnes restent impliquées ?
Pour nous, l’implication des habitants est la pièce motrice de notre fonctionnement. Les commissions et groupes de travail sont une volonté politique forte et ne seront pas mis de côté parce qu’une réunion rencontre une certaine désaffection… C’est de notre devoir de susciter et de maintenir l’envie de participation. Nous avons conscience que c’est un travail permanent, et qu’il faudra régulièrement songer à entretenir une certaine dynamique.
On assiste, à l’heure actuelle, et notamment avec le nouveau mille-feuille présidentiel, les communautés de communes, à une hiérarchisation accentuée. N’avez-vous pas l’impression de nager à contre-courant, de faire de l’utopie plutôt que du réalisme politique ?
Nager à contre-courant ? Au regard des institutions existantes sûrement. Au regard des initiatives citoyennes qui se multiplient de par le monde, non. Nous ne sommes cependant pas dans un modèle utopique. Nous souhaitons montrer, de manière très concrète, en quoi et comment le travail collectif peut être plus enrichissant et plus productif que le travail individuel. Nous souhaitons montrer l’efficacité des groupes action-projet, au sein desquels collaborent les élus et les habitants. Nous n’avons pas de chef autoproclamé, mais seulement un binôme d’élus (maire et 1ère adjointe) en charge de coordonner nos actions et c’est bien la raison de notre réussite.
Nous commençons à travailler à notre échelle, c’est-à-dire à l’échelle communale. Mais, pour autant nous ne travaillons pas en « bocal », mais au contraire en fortes interactions avec les autres niveaux d’action publique (l’intercommunalité, le département, la région…). Nous espérons à terme, et par l’exemple, susciter des envies de changement aux échelons supérieurs, à commencer par l’échelle intercommunale, qui, actuellement, par le biais d’un système d’élections à deux niveaux, souffre cruellement de la distance ainsi créée entre les habitants et leurs représentants élus.
Comment comptez-vous jouer avec la légalité ?
Nous n’avons pas fait de révolution, et nous nous inscrivons dans le système démocratique légal existant. Comme nous le disions précédemment, nous avons juste mis en place des outils afin d’éviter les dérives classiques de ce système que sont l’accaparement du pouvoir par certains et le manque d’implication des citoyens. Nous avons revu le circuit de décision en mettant tous les élus sur un pied d’égalité : des comités de pilotage ont remplacé les conseils d’adjoints semi-clandestins ; et les compétences communales sont réparties entre des binômes d’élus référents. Nous avons revu tout aussi légalement les commissions municipales en les ouvrant aux habitants (elles sont consultatives et non décisionnelles). Nous avons enfin créé un conseil des sages (comprenant des habitants) pour veiller au bon fonctionnement participatif qui est l’essence même de notre ambition… Ce fonctionnement s’inscrit donc dans la législation existante, mais il est vrai que nous en avons fait une relecture et une réinterprétation afin de mieux coller à nos objectifs. Nous sommes en train de le conceptualiser aujourd’hui afin de lui donner une meilleure lisibilité, et que cela puisse donner des idées à d’autres habitants ou d’autres élus, hors de Saillans.
Quelles sont vos peurs ?
Pas de peurs particulières. Il nous faut juste veiller à ce que cela n’entraîne pas un surcroît de travail pour certain(e)s et surtout que cela ne nuise pas aux vies familiales de chacun. Rappelons qu’aucun de nous n’est un professionnel de la politique, qu’aucun ne compte vivre de cette activité.
Il paraît que l’un de vos élus a déjà été court-circuité par la communauté de communes. Qu’en est-il réellement ?
En effet, notre maire n’a pas été élu comme vice-président à l’intercommunalité, au profit du maire sortant également conseiller général, et ce alors que la commune de Saillans est la troisième commune la plus peuplée de cette intercommunalité. Il ne peut pas participer à l’exécutif de l’intercommunalité où se décide la politique intercommunal. Comme vous le savez, la réforme des élections locales permet aux habitants de désigner directement leurs représentants à l’intercommunalité. Le maire est donc le premier représentant légitime à l’intercommunalité. Seulement, la loi prévoit également que le bureau de l’intercommunalité (président et vice-présidents) soit élu par l’ensemble des représentants intercommunaux. Rien ne garantit donc que le choix des habitants des communes soit respecté lors du vote du bureau de l’intercommunalité.
Si la non-élection de notre maire à l’exécutif de l’intercommunalité est légale, elle n’est, par contre, pas légitime. Le choix des habitants de Saillans n’a pas été respecté. C’est ce nous avons dénoncé dans une motion votée en conseil municipal. Cette situation va générer de réelles difficultés dans l’articulation de la politique communale de Saillans avec celle de l’intercommunalité. Nous avons fait remonter ce dysfonctionnement démocratique, dont la commune de Saillans n’est pas la seule victime en France, au Médiateur de la République.
Pouvez vous définir trois priorités importantes que vous allez mettre en place dans ce mandat ?
Comme nous l’avons déjà dit ce serait de FAVORISER LE LIEN INTERGÉNÉRATIONNEL, de CRÉER DU LIEN SOCIAL, de CONSERVER ET FAVORISER LA DYNAMIQUE ÉCONOMIQUE LOCALE, en protégeant et en valorisant le cadre de vie exceptionnel de Saillans. De manière opérationnelle, notre salle des fêtes est dans un état critique. Il y a donc autour de ce projet de rénovation, une réelle réflexion à mener avec tous les habitants. Elle permettra de traiter concrètement des orientations qui nous tiennent à cœur, comme celles du renforcement des liens intergénérationnels, de la co-construction du vivre-ensemble, mais aussi de la préservation de l’environnement (à travers un bâtiment bâti ou rénové sur des principes écologiques).
Un des points sensibles, également, ce sont les indemnités. Comment envisagez-vous la question ?
Cela a fait partie de notre réflexion commune dès la campagne et nous l’avons annoncé. Nous redistribuons les indemnités entre tous les élus impliqués concrètement dans le fonctionnement de la mairie (les élus référents). C’est une manière de maintenir l’implication de chacun dans la durée et de reconnaître le travail fourni. Pour la répartition des indemnités, nous nous sommes basés sur deux critères : la situation personnelle et le temps consacré à la mairie. Le maire reçoit une indemnité de 1019 € /mois et les douze conseillers municipaux impliqués (sur quatorze) 281€ ou 158€/mois selon leur situation personnelle. Au total les frais engagés par la mairie restent inférieurs à ceux de l’ancienne mandature. Tout cela a été discuté et validé en commun et sera révisé au besoin en cours de mandat.
Que souhaiteriez-vous dire de particulier à nos lecteurs sur cette expérience qui commence ?
Impliquez-vous au quotidien, poussez à plus de transparence à tous les niveaux, exigez dans votre ville/village des commissions ouvertes… Le travail en commun est bénéfique et ouvre à plus de perspectives…
Si nous avions créé une liste « politique », cela n’aurait pas enclenché un tel enthousiasme… Dans toutes les petites villes et les villages, les pratiques de gouvernance devraient être mises en avant car elles indiquent clairement le positionnement des candidats, bien plus que l’étiquette politique. Nous avons voulu revenir à l’essence même de la politique, gérer la vie de la cité et gérer le bien vivre ensemble (sans oublier bien sûr les inégalités générées par le système économique, que nous prenons en compte lors de nos décisions). Quoi de mieux pour combattre les egos surdimensionnés que de se baser les décisions sur un principe d’égalité entre toutes et tous.
Nous n’avons pas axé la politique communale sur des projets précis parce que ceux-ci se feront et se monteront par un travail collectif.
Nous ne voulons pas être un exemple à recopier. Saillans a des spécificités qui ont conduit au modèle que nous sommes en train de construire. Cependant, nous pensons que toutes les communes, et en particulier les petites et les moyennes, gagneraient à introduire plus de participation et plus de collégialité dans leur gestion communale, sous de multiples formes, chacune à sa mesure, et à son rythme.
Accepteriez-vous de faire un point avec nous dans un an, deux ans ?
Sans aucun souci. Suivez la politique communale de Saillans sur le site www.mairiedesaillans26.fr, véritable miroir de cette dynamique citoyenne et participative sans attendre le prochain rendez-vous.