Il y a 50 ans, le 11 septembre 1973, le coup d’État de Pinochet, instaurait au Chili une dictature militaire. (Sur notre site, Chili, 11 septembre 1973, le coup d’Etat militaire met fin à la marche au « Poder popular »)
Le putch renversa le gouvernement de l’Unité populaire et porta plus globalement un coup mortel au mouvement populaire. frappant syndicats, partis, comités populaires qui avaient vu le jour de manière autonome dans les quartiers, les entreprises, les campagnes. La menace d’un pouvoir populaire avait tant fait trembler les possédants, et nul hasard si parmi les premières opérations, les militaires se lancèrent dans la reconquête et la reprise des entreprises, des terres, occupées par leurs travailleurs.
La dynamique populaire et unitaire avait précéde l’élection même d’Allende. Il fut désigné candidat non par des « primaires » ou chacun est atomisé, mais par des Comités d’unité populaire, on en a compté 15000 dans les quartiers, les entreprises, les services publics, véritables germes d’un pouvoir populaire. (Sur notre site : France 2011, Chili 1970 : Primaires et Comités d’unité populaire)
C’est ainsi qu’on était passé des urnes à la remise en cause de la propriété privée de l’économie par un mouvement multiforme et foisonnant avançant de plus en plus dans l’autoorganisation et le contrôle, jusqu’à la prise en charge directe, de secteurs entiers de l’industrie, de la distribution, de l’agriculture, de la vie sociale.
Il n’est pas inutile de rappeler ce que fut cette « expérience chilienne », dont la valeur dépasse le pays et même le continent. Expérience historique, qui a été étudiée (voir les éléments de bibliographie) à l’époque, mais aussi qui peut nourrir les actions actuelles. Elle a une postérité au Chili même, sautant les décennies, sautant les générations.
Nous nous souviendrons de la de la peur des possédants qui ne se laissent pas exproprier sans résistance ni violence brutale, nous nous souviendrons de la dynamique du pouvoir populaire qui – une fois entamée – doit aller jusqu’au bout.

À (re)voir:

sur Arte, en replay, « La bataille du Chili », notamment la troisième partie, « Le pouvoir populaire ».

À lire, vient de sortir

Franck Gaudichaud, Expériences chiliennes du pouvoir populaire, Syllepse, 2023

À (re)lire :

Maurice Najman, Le Chili est proche, Paris, Maspéro, 1974. Introduction.

Michel Raptis, Quel socialisme au Chili ? étatisme ou autogestion, Paris, Anthropos, 1973. Introduction.

Venceremos ! – Analyses et documents sur le pouvoir populaire au Chili (1970-1973), Syllepse, 2013. Extraits.

Franck Gaudichaud, Chili 1970-1973 : mille jours qui ébranlèrent le monde, Rennes, PUR, 2013.

Alexandre Dorna, « Une expérience de gestion dans le Chili d’Allende », Raison présente, n° 36, 1975, p. 29-40

Et après? Postérités, expériences ultérieures.

Dans le n° 3 du Bulletin de l’économie des travailleurs, juin 2022: * Trabajo sin patrón Catastro de experiencias de trabajo autogestionado en el Gran Concepción y Santiago p. 24. * Breve caracterización de las iniciativas de trabajo autogestionado no apatronado del Gran Concepción y Santiago: prefigurando la autogestión comunitaria p. 29.

Carolina Gutiérrez Ruiz, « Les trajectoires de décentralisation en France et au Chili : une approche comparée des « convergences » et des « réappropriations », Revue internationale de politique comparée, 2012/1 (Vol. 19), p. 115

Méndez, Claudio A.,Miranda, Christian,Torres, M. Cristina,Márquez, Myriam, « Política de autogestión hospitalaria en Chile: percepciones de los tomadores de decisiones« , Rev Panam Salud Publica, 33(1), 2013, p. 47-53.

Cristian Nova Castillo, Constanza Herrada Cerda, Fernanda Pérez Pérez, Rodrigo Tapia Moreno, Guillermo Rivera Aguilera, « Autogestión en Organizaciones Alternativas: un estudio de caso en Valparaíso, Chile » Revista Brasileira de Estudios Organizacionais, n°2, 2018.

https://iris.paho.org/handle/10665.2/9221