Le FabLab de Barcelone est l’un des plus anciens et des mieux équipés. Il dépend d’un institut d’architecture, c’est pourquoi nombre de ses projets sont reliés à l’habitat, la ville et l’urbanisme. La seconde originalité de ce Fablab est l’ambition de créer un réseau de Fablab dans Barcelone avec l’aide de la municipalité, afin de stimuler le tissu économique, de favoriser la réindustrialisation de la ville, et de produire localement avec les ressources disponibles. Bien que ces objectifs ne soient pas spécifiquement autogestionnaires, ils méritent d’être considérés pour s’en inspirer, et se les approprier.

Le FabLab de Barcelone est l’un des FabLab (FL) les plus anciens (2005) et des mieux équipés actuellement. Il est rattaché à un établissement de recherche et d’enseignement en architecture (IAAC) situé à Poblenou, un ancien quartier industriel de Barcelone. De ce fait, les machines mises à disposition du FL sont en fait partagées avec l’IAAC, par exemple pour les projets des étudiants architectes telle que la FabLabHouse. Des projets impliquant des enfants sont également menés.

Les FL constituent un réseau devenu mondial, développé à partir d’un laboratoire du MIT depuis le début des années 2000. La diffusion des techniques de fabrication numérique est assurée par des enseignements à différents niveaux, par l’attribution de bourses d’études, par des conférences et des manifestations telles que la Fab Academy, au cours de laquelle des étudiants du monde entier suivent des cours transmis simultanément dans tous les laboratoires labellisés. Ces cours sont mis en pratique dans le même temps, dans le cadre de projets documentés et rendus publiques. En plus de l’apprentissage de l’utilisation des machines, les méthodes de travail collaboratif, de dissémination des résultats, mais également les aspects économiques de la vie du FL font partie du programme.

L’autogestion n’est pas une préoccupation explicite du mouvement des FL, dans le sens où les FL ne sont pas pour la plupart des lieux autogérés. Ils sont prêtés par des institutions et sont souvent sous la responsabilité de personnels appointés par ces établissements ; c’est le cas du FL de Barcelone. Toutefois, la portée autogestionnaire de l’idée de réappropriation des machines et des techniques au service de tous est indéniable et constitue une source d’inspiration pour les partisans de l’autogestion.

L’ambition des responsables du FL de Barcelone dépasse le cadre de leur atelier : soutenus par la mairie, ils souhaitent créer, à l’image du réseau mondial des FL, un réseau à l’échelle de la ville – FabCity – en implantant un FL dans chaque quartier de Barcelone (http://owni.fr/files/2011/09/Tomas.pdf, http://owni.fr/2011/10/22/les-fab-labs-incubateurs-de-futur/, http://www.iaacblog.com/blog/2011/iaac-at-fab-7-in-lima-peru/). Ceci répondrait à plusieurs objectifs, tels que la diffusion des techniques de fabrication digitale pour stimuler l’innovation technologique, et à plus long terme de ré-industrialiser la ville.

Des FL de quartier sont également à l’étude, en s’appuyant sur la municipalité et le réseau des Centres Civic, qui hébergent actuellement des équipements et activités socio-culturelles pour le compte de la ville (des projets similaires bien que beaucoup moins ambitieux existent, par exemple à Fayetteville dans l’État de New York).

Un FL «vert» est par ailleurs en cours d’installation au cœur du parc de Collserola, s’appuyant sur des technologies «propres». Ses créateurs souhaitent en faire un «habitat autosuffisant, produisant de l’énergie, des aliments, des biens et des connaissances».

Dernière priorité mise en avant: «Ici et maintenant». En effet, autant que possible les objets conçus le sont à partir de matériaux disponibles localement. C’est particulièrement vrai pour le logement, notamment dans le cadre des bidonvilles, qui intéressent le FL de Barcelone. Dans la même ligne, l’apport des machines est considéré d’un point de vue ascendant («bottom-up»): plutôt que de poser la question «Comment construire tel objet?», le FL se demande plutôt : «Que peut-on construire à partir des machines et des matériaux disponibles ?»