Les Fablabs (Fabbing Laboratory) sont de petits ateliers réunissant des collaborateurs dont l’objectif est de montrer que la production d’objets complexes habituellement réservés à l’industrie est en fait à la portée de tous, localement, de manière collaborative, et avec un souci de viabilité économique.
Les collaborateurs des Fablabs se proposent d’abord de répondre à des problèmes techniques : comment fabriquer une machine gravant des cartes de circuit électrique, une machine à découper des matériaux, ou une imprimante 3D permettant de concevoir des pièces complexes.

A priori, ce questionnement ne concerne pas directement l’autogestion, et les Fablabs ne se réclament pas explicitement de l’autogestion. Pourtant, le mouvement des Fablabs porte un projet émancipateur : comment s’approprier des savoir-faire techniques, ainsi que les concepts scientifiques qui les sous-tendent, en associant le public le plus large possible, avec comme objectif à moyen terme de fabriquer nous même localement ce dont nous avons besoin.

L’organisation des Fablabs est de type collaboratif, imprégné des principes du logiciel libre: les schémas techniques,  programmes informatiques associés et savoirs-faire sont le plus souvent disponibles sur l’Internet afin de favoriser la dissémination, et de susciter des développements ou corrections de la part des membres de la communauté.

Il est important de remarquer que, s’appuyant sur les idées et infrastructures des Fablabs, des projets communautaires visant à remplacer le modèle industriel productiviste sont en phase avancée de développement (cf. projets associés ci-dessous).

Historique et charte des Fablabs

Ils prennent  racine dans différents courants culturels, du Do It Yourself (DIY ,  voir aussi le magazine Make) au logiciel libre et du open-hardware mais ont  cristallisé sous le nom Fablab suite à une collaboration entre le Center for Bits and Atoms (CBA) et le Grassroots Invention Group (GIG), rattachés au MIT.

Les Fablabs ont été popularisés entre autres par N. Gershenfeld, à travers des ouvrages et un cours dispensé au MIT.

Quelques points choisis dans la charte des Fablabs :

  • Les Fablabs sont un réseau global de laboratoires, qui favorisent les inventions en donnant accès à des outils de fabrication numérique.
  • On peut accéder au Fablab pour fabriquer presque tout (sans risque pour les autres) ; il faut apprendre en faisant soi-même, et partager l’usage du laboratoire.
  • L’apprentissage dans le Fablab est fondé sur la réalisation de projets et la communication entre utilisateurs ; chacun doit contribuer à la documentation.
  • Secret et business :  les conceptions et procédés développés dans le Fablab doivent rester accessibles pour l’usage individuel. Les activités commerciales peuvent incuber dans un Fablab, mais ne pas en empêcher l’usage. Elles doivent bénéficier en retour à ceux qui les ont rendues possibles.

Réalisations concrètes et projets associés

Les outils de base dans un Fablab sont les suivants. Ils ne sont pas -le plus souvent- conçus sur place, mais achetés auprès d’entreprises classiques pour un prix total.

  • Machine à découper les matériaux (à laser, plasma ou jet d’eau) .
  • Tour et laminoir numériques.
  • Imprimante 3D pour le prototypage rapide.
  • Fraiseuse numérique pour circuits imprimés.

De très nombreux projets ont été réalisés ou sont en cours de réalisation (cf Gershenfeld) :

  • FabFi : réseau de communication sans fil à l’échelle d’une ville en Afghanistan.
  • Guitares, vélos.
  • Electronique de loisir.
  • Santé (prothèses).
  • Design (chaises, bibliothèques, décoration).

La question de la démocratisation et de la réplication des Fablab pose celle de la fabrication des machines employées dans le Fablabs. Pour accroître leur autonomie par rapport au secteur marchand classique, il est nécessaire de produire le plus possible de composants de ces machines dans le Fablabs eux-mêmes.  Plusieurs des machines de base citées ci-dessus font l’objet de nombreux travaux, afin de démocratiser leur production :

  • Imprimante 3D: on peut trouver les plans de construction d’une telle imprimante en ligne sur FabAtHome.  Le projet RepRap a pour but de concevoir une imprimante 3D qui peut imprimer la plupart de ses propres constituants.
  • Table de découpe de matériau RepTab, dans le cadre du projet RepLab, qui vise la conception de Fablab replicables, i.e. dont les machines sont produites sur place.

Un projet remarquable dans une perspective autogestionnaire est celui défendu par le groupe OpenSource Ecology établi à la campagne dans le Missouri. Ce groupe travaille depuis plusieurs années à la construction des 50 machines industrielles de base permettant à une communauté de cultiver la terre, de produire de l’énergie, de se loger et de vivre de manière soutenable et presque autonome, en bénéficiant des progrès techniques et scientifiques grâce à une technologie libre et peu chère.

Ces machines sont choisies pour répondre aux besoins fondamentaux dans les domaines de l’ habitat, de l’agriculture, de l’industrie,  de l’énergie, des matériaux et des transports. La conception et réalisation des machines suivantes a atteint un stade très avancé : machine à produire des briques, tracteur, rotoculteur, pompe hydraulique. Des prototypes sont en cours d’essai pour  un bulldozer, une pelleteuse, une table de découpe de matériaux, une poinçonneuse et bien d’autres.

Viabilité économique

Les Fablabs ne sont pas à l’heure actuelle autonomes financièrement, comme en atteste une étude menée par Troxler. Ils sont le plus souvent hébergés et financés par une ou plusieurs institutions publiques, (état, région, établissement d’enseignement scientifique et technique). Le coût d’équipement et de mise en route d’un Fablab, hors salaire, oscille entre entre 30 et 120 K€. Les principaux utilisateurs sont des étudiants, des enseignants et des chercheurs.

L’utilisation à des fins commerciales fait également partie des sources de revenus (entrepreneurs, PME tournées vers l’innovation, artistes). Ils participent alors en payant à l’heure l’usage des machines (e.g. 75€/heure au Fablab d’Amsterdam).

La question du « business model » à adopter par les Fablabs afin d’atteindre l’équilibre budgétaire fait actuellement débat (cf Openp2pdesign, Fablab academy), la plupart étant relativement jeunes et se donnant 3 ou 4 ans pour y parvenir.

Les Fab Labs près de chez nous

des sites d’information francophones et des Fablabs près de chez nous :