Nous résumons la seconde partie du récent rapport du CECOP-CICOPA (Confédération européenne des Coopératives de Production et de Travail Associé, des Coopératives Sociales et des Entreprises Sociales et Participatives) au sujet de la résistance des coopératives européennes face à la crise économique actuelle.

Le CECOP-CICOPA (Confédération européenne des Coopératives de Production et de Travail Associé, des Coopératives Sociales et des Entreprises Sociales et Participatives ) a publié en juin 2012 un rapport sur les coopératives européennes, co-financé par la Commission Européenne dans le cadre de l’année internationale des coopératives, en collaboration avec la Confédération Européenne des Syndicats.

La première partie du rapport, traitait de :

  • la situation globale des coopératives, et des autres entreprises au niveau européen.
  • l’étude quantitative de la résistance des coopératives face à la crise (cas de l’Espagne et de la France).

Dans le présent article, nous résumerons l’étude qualitative du comportement des coopératives européennes détaillée dans le chapitre 3 du rapport. La réaction des coopératives est observée à 3 niveaux différents : niveau local des coopératives sociales et de travail, niveau intermédiaire des réseaux (ou consortia) de coopératives et niveau « macro », à l’échelle nationale, où se décide le cadre juridique.

Au niveau local, à l’intérieur des coopératives, plusieurs mesures à court ou moyen terme on été prises, telles que la réduction temporaire des coûts, ou l’investissement dans des projets novateurs grâce aux réserves de capital.

Au niveau intermédiaire des groupes de coopératives, la coopération entre coopératives semble jouer un rôle prédominant, grâce aux organismes de financement, mais aussi grâce aux groupes de coopératives qui mutualisent des services ou qui échangent des savoir-faire, des informations et des formations.

Au niveau national, il est constaté par le CECOP-CICOPA que les pays offrant le cadre juridique le plus adapté (notamment par l’obligation légale de constituer des réserves, et la garantie qu’elle sont impartageables) sont également ceux où les coopératives se développent le plus.

De nombreux cas particuliers de coopératives sont mentionnés, en renvoyant notamment au documentaire « together » (références en fin d’article).

Niveau local

Plusieurs exemples de coopératives sont données (e.g. Coop Alma, informatique industrielle), illustrant l’importance des principes démocratiques défendus par le mouvement coopératif. C’est cette légitimité qui a permis de faire accepter des réductions temporaires et exceptionnelles de salaires en temps de crise, et d’éviter des licenciements, avec pour objectif de reprendre une production normale rapidement (cas de Colin Daily à Bucarest, et de membres de NAUWC en Pologne).

Toujours au niveau local, c’est le principe coopératif d’accumulation de capital par la constitution de réserves impartageables qui a permis à nombre d’entre elles de continuer à investir malgré la crise. Des exemples concrets sont donnés en Tchéquie, en Slovaquie, en Roumanie et dans des coopératives sociales italiennes, dans l’industrie et les services à la personne.

Niveau intermédiaire (réseaux de coopératives)

Le principe n°6 des coopératives (Recommandation 193 de l’OIT, www.ilo.org) établit l’importance de la coopération entre les coopératives. Celle-ci prend corps de plusieurs manières, notamment grâce aux institutions de financement, de conseil et d’accompagnement des coopératives.

Concernant le financement, les conditions d’accès des coopératives au crédit se sont détériorées avec la crise économique. Mais il existe dans certains pays des instances de financement instituées par la loi, qui collectent un pourcentage des recettes des entreprises bénéficiaires et le redistribuent (cas de la Socoden en France ou de CFI en Italie). Ces institutions peuvent prendre des participations au capital des entreprises reprises en scops par les salariés (exemple des Fonderies de l’Aisne en Picardie).

De plus, plusieurs acteurs conseillent et accompagnent les coopératives, et en effectuent la promotion (Centre coopératif du Pays de Galles, UR Scop et CG Scop en France, Coompanion en Suède).

La formation et la R&D font également partie des moyens de coopération entre les entreprises. Les exemples de l’union de coopératives bulgares, ou de la Coceta espagnole sont discutés. La Coceta finance des programmes de formation des jeunes au système coopératif. Plusieurs universités espagnoles disposent de centres coopératifs, qui collaborent par exemple avec les universités internes des groupes coopératifs tels que Mondragon.

Parallèlement, les coopératives peuvent se regroupes en réseaux, mais aussi en consortia, afin de diminuer les coûts en mutualisant des services administratifs, des infrastructures.

En Italie, de grands consortia se sont formés (regroupant plusieurs centaines de coopératives et jusqu’à 45000 travailleurs). Les exemples du Consorzio Gino Mattarelli (969 coopératives, 45000 travailleurs, CA de 1.1 milliard €, dans le secteur de la protection sociale et de la santé) ou du Consorzio SIS dans la région de Milan sont présentés.

En Espagne, l’exemple du groupe Mondragon (110 coopératives, 10ème plus grand groupe d’entreprises en Espagne) illustre la résistance d’un groupe industriel dans le contexte de la crise. Lagun-Aro, la coopérative de sécurité sociale du groupe, a proposé des pré-retraites aux plus de 58 ans et s’est chargée du re-déploiement des salariés-membres, évitant ainsi tout licenciement pendant les années de crise.

Niveau national

Des exemples d’adaptation du contexte juridique à la spécificité des coopératives sont donnés, notamment dans le cas de l’Allemagne, où un certain dynamisme de création de coopératives a été constaté.

L’existence de lois nationales spécifiques (création de consortia et d’instruments financiers) ainsi que la protection des réserves impartageables est présentée comme un facteur de stabilité des coopératives de travail en Espagne et en France.

 

Bibliographie, Webographie

  • http://www.together-thedocumentary.coop
  • Zevi A. et al. (2011), Au-delà de la crise: Coopératives, travail, Création de richesse dans la durée, Bruxelles: CECOP Publications, p.211
  • Claudia Sanchez Bajo et Bruno Roelants (2011), « Capital and the Debt Trap. Learning from cooperatives in the global crisis », Basinstoke: Palgrave Macmillan