C’est avec cette huitième édition que s’achève la publication hebdomadaire de Covid-19, un virus très politique. Depuis le 30 mars, date de la mise en ligne du premier opus, nous avons souhaité dans la phase de confinement, propice à l’isolement, apporter un autre regard sur la pandémie en cours. Un éclairage critique qui ne réduisait pas l’évènement à une crise sanitaire, mais lui restituait ses dimensions économique et sociale, et dont les premières victimes étaient les exploité·es et les dominé·es. D’emblée, nous n’avons pas voulu traiter cette crise dans un cadre national, français en l’occurrence, mais à une échelle mondiale, en témoigne le souci que nous avons eu de présenter, dans les huit volumes, des contributions venant de différents pays. De la même façon, notre éphéméride sociale s’est fait l’écho des luttes d’autodéfense sanitaire des travailleur·euses des cinq continents, en réservant une place importante aux luttes des personnels hospitaliers qui, en première lignes, se sont mobilisés dans leurs pays respectifs de façon exemplaire pour leur protection individuelle en termes d’équipement sanitaire et pour la défense du système de santé au service de tous et toutes. Dans le mouvement syndical international, les organisations d’infirmièr·es représentent aujourd’hui un secteur des plus combatifs.
Face à la faillite des États dans la gestion de la pandémie (production de masques, de gel…), nous avons pu observer la capacité des travailleur·euses et usager·es à construire des solutions à leur échelle : ateliers civiques de production de masques, proposition de reconversion de lignes de production à des fins socialement utiles, distribution non lucrative de repas, réseaux d’achats de courses en commun. Soulignons aussi la bataille exemplaire de la coalition syndicale Solidaires, FSU, CGT des Côtes-d’Armor pour une reprise du site de production de masques de Plaintel (fermé par son propriétaire, le groupe états-unien Honeywell) sous la forme d’une coopérative, combat sur lequel nous revenons de nouveau dans ce volume.
Toutes ces initiatives issues d’un confinement actif sont un bien précieux pour cet après incertain qui est devant nous.
Au sortir du confinement, une première phase de l’histoire de cette pandémie et de ses conséquences sociales se termine. La reprise du travail, à marche forcée et à moindre coût pour les propriétaires des moyens de production et leurs actionnaires, s’accélère dans tous les pays et dans tous les secteurs d’activité. Désormais, les affrontements sociaux autour de la question de la protection sur les lieux de travail, menés jusqu’ici par les travailleur·euses dits de « première ligne » (commerce, transports, hôpitaux) vont s’étendre à l’ensemble des salarié·es, à la réserve près de la fraction de ceux et celles qui sont en télétravail (dont le mode d’activité pourrait devenir une forme avantageuse de la gestion de la force de travail par les patrons et pose de redoutables problèmes au mouvement syndical). Pour résoudre sa crise, le capitalisme a déjà recours à ses solutions favorites : chômage, reculs sociaux, appauvrissement, exclusion. Ces régressions qui seront planétaires provoqueront également des batailles sociales d’ampleur.
La suite de cette histoire est donc devant nous. Nul doute qu’il sera nécessaire de continuer d’y apporter mille points de vue critiques. Les éditions Syllepse seront toujours disponibles pour y participer dans leur rôle d’éditeur.
Un dernier mot. Les 646 pages publiées en huit semaines de Covid-19, un virus très politique, tous volumes confondus, ont fait l’objet de plus de 30 000 téléchargements. Sous nos masques, un sourire.
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