On assiste à une multiplication des reprises d’entreprises par les salariés sous forme coopérative. Cependant, ce phénomène reste trop souvent limité à des PME. La nationalisation s’appliquant difficilement aux groupes multinationaux, quelle forme d’appropriation sociale pouvons-nous envisager pour ceux-ci ? Dans tous les cas, c’est la hausse de la part des salaires dans la valeur ajoutée qui pose la question de l’appropriation des différentes entités d’une multinationale. A l’inverse des groupes capitalistes dont les filiales sont toutes dirigées par la maison-mère, un groupe multinational socialement approprié ne pourra se construire que comme une fédération volontaire d’entités indépendantes dirigées par les travailleurs et les usagers.
En nous limitant volontairement aux deux formes imparfaites d’appropriation sociale que nous connaissons que sont la transformation d’une entreprise en coopérative de travail associé (SCOP en France) ou la nationalisation, nous partirons de l’idée que le fait générateur de la transformation est un transfert de propriété entre des actionnaires privés vers des travailleurs associés ou un État. Nous examinerons ensuite l’effet de ce transfert sur une maison-mère ou sur une filiale en partant des fondamentaux qui ont présidé à la formation d’une multinationale. Un transfert de propriété sur la maison-mère ne change pas le régime de la filiale qui est contraire à l’appropriation sociale. Comment dès lors envisager la constitution d’un groupe multinational autogéré et quelle est la finalité d’une multinationale dans un contexte d’appropriation sociale ?