L’articulation entre autogestion, écologie et féminisme au cœur de la IIIe rencontre de l’« Économie des travailleur-se-s »
Du 12 au 14 avril, s’est tenu à Milan la troisième rencontre euroméditerranéenne « L’économie des travailleur.ses ». 200 personnes environ y ont participé, avec une parité hommes/femmes et pas mal de jeunes. Ce processus est né il y a une dizaine d’années à l’initiative du programme Faculta Abierta de l’Université de Buenos Aires qui étudie et apporte son soutien aux entreprises récupérées par leurs travailleur.ses. En déniant aux propriétaires le droit de fermer une entreprise ou de disposer de l’outil de production et en reprenant la production sans patron sous une forme autogérée, ces travailleur.se.s préfigurent une autre économie, démocratique et sans actionnaires. L’objectif de ces rencontres est de faire converger sur quelques jours des travailleur.ses de ces entreprises, des chercheur.ses et des militant.es venus de différents pays.
Parti d’Amérique latine ce processus se décline désormais en rencontres continentales et mondiales. Cette édition euroméditerranéenne est la troisième édition après Marseille (Fralib/scop-Ti) en 2014 et Thessalonique (Vio.me) en 2016. Elle s’est tenue à Rimaflow, une ancienne usine de sous-traitance automobile reconvertie en diverses activités écologiques et sociales. Elle a réuni des participant.es d’une dizaine de pays : Italie, France, Espagne, Belgique, Croatie, Grèce, Hongrie, Kurdistan, Allemagne, Russie (et aussi Brésil et Argentine). Ces rencontres ont permis d’aborder divers thèmes comme la notion de mutualisme conflictuel, portée par les Rimaflow et le réseau Fuori Mercato (En dehors du marché), un syndicalisme sans frontière et embrassant tout le champ social ; l’agroécologie et les relations entre mouvements ruraux et urbains ; la reproduction sociale dans les expériences autogérées et le travail syndical ; la récupération du « public », des « communs » dans une perspective autogestionnaire ; la production autogérée et autogestion de la distribution ; l’articulation entre autogestion, écologie et féminisme ; le welfare par le bas ; l’autonomie économique pour sortir de la violence de genre.
Préfigurant une économie débarrassée des patrons et des actionnaires, on peut considérer que la présence des organisations syndicales serait évidente : l’aboutissement des revendications sociales ne doit-elle pas déboucher sur cette perspective ? De ce point de vue, la présence d’organisations telles que l’Union syndicale Solidaires ou la CGT espagnole constitue un point d’appui essentiel dans le développement de ce processus. On peut regretter que trop peu d’entreprises autogérées soient actuellement incluses dans ces rencontres. Il sera sans doute essentiel d’en redéfinir les objectifs pour que celles-ci soient plus présentes ; c’est un enjeu, notamment en France.
Les rencontres euroméditerranéennes, une préfiguration d’une Europe des travailleur.ses, une Europe tournée vers la rive sud de la Méditerranée ? La prochaine édition devrait avoir lieu en 20210 en Andalousie, organisée notamment par les camarades du SOC/SAT et de la CGT ; en septembre 2019, se tiendra la 7ème rencontre internationale, à Sao Paulo.
L’Association pour l’autogestion, le Réseau pour l’autogestion, les alternatives, l’altermondialisme, l’écologieet leféminisme (AAAEF) et l’Union syndicale Solidaires étaient présents à Milan, dans le cadre du travail commun au sein du Réseau Se fédérer pour l’émancipation1.
1 Ce Réseau rassemble l’Association Autogestion (AA), l’Association des communistes unitaires (ACU), les Amis de Tribune socialiste (ATS), Cerises la coopérative, l’Observatoire des mouvements de la société (OMOS), le Réseau pour l’autogestion, les alternatives, l’altermondialisme, l’écologie et le féminisme (AAAEF), le Temps des lilas et l’Union syndicale Solidaires.