Depuis décembre 2023 avec la politique d’extrême droite et ultralibérale menée par Milei en Argentine, les entreprises récupérées par les travailleur-se-s (ERT) sont en danger. Si elles ont su résister aux multiples attaques qui avaient précédées, notamment sous la présidence de Macri, la menace est plus forte avec Milei. Les travailleur-se-s argentin-e-s, qui font preuve d’une grande combativité, ont besoin du soutien des travailleur-se-s du monde entier pour être en capacité de résister à la politique de Milei. Le réseau international de l’économie des travailleur-se-s a décidé de créer un comité spécifique pour organiser le solidarité avec les ERT argentines et leurs travailleur-se-s.
Nous publions la version française de l’appel du Comité international de solidarité avec l’autogestion en Argentine. L’objectif est de recueillir des soutiens de diverses organisations associatives, politiques, syndicales et de constituer un comité français à la rentrée avec une initiative spécifique. D’ores et déjà, il est possible de diffuser cet appel et de recueillir les soutiens.
Les entreprises récupérées par les travailleur-se-s en Argentine constituent le mouvement contemporain le plus emblématique de l’autogestion du travail, non seulement en Amérique latine, mais également dans le monde entier. Apparues dans les années 1990, au plus fort du néolibéralisme, elles ont acquis une visibilité mondiale après la crise argentine de 2001, avec plus d’une centaine d’occupations d’usines et d’entreprises de toutes sortes. Aujourd’hui, le mouvement compte plus de 400 coopératives de travailleurs dans toute l’Argentine, qu’il s’agisse d’usines industrielles, de producteurs de denrées alimentaires ou de prestataires de services en tout genre, y compris des écoles et des hôpitaux. Près de 14 000 travailleurs vivent du travail autogéré de ces entreprises, qui étaient en faillite et abandonnées par le capital, et qui ont été remises en service dans le cadre de l’autogestion grâce à la lutte, à la volonté et à la créativité de leurs travailleurs. L’émergence des entreprises récupérées a remis en débat au sein de la classe ouvrière et des mouvements sociaux, l’expérience historique de l’autogestion, en la portant au-delà du coopérativisme institutionnel.
Cette expérience est menacée par le gouvernement d’extrême droite et ultra-libéral de Javier Milei, qui gouverne l’Argentine depuis décembre 2023. Bien qu’il n’y ait eu, jusqu’à présent, aucune attaque directe contre les entreprises récupérées, elles représentent tout ce que Milei et son gouvernement attaquent : une expérience collective, de gestion communautaire et de solidarité, à l’opposé de la jungle du marché dominée par les entreprises transnationales qu’il propose et qui est en train de transformer le pays. Le gouvernement de Milei est un laboratoire pour le projet de fascisme de marché, détruisant toutes sortes de réglementations publiques en faveur des droits du peuple, attaquant en particulier la santé, l’éducation et les droits du travail, conduisant l’industrie locale à l’effondrement et les revenus des travailleurs à la limite de la subsistance, tout en réprimant toute opposition et en alignant inconditionnellement l’Argentine sur les gouvernements de Donald Trump et de Benjamin Netanyahou. Bien qu’elle ne soit pas le seul pays au monde gouverné par cette variante de l’ultra-droite, ce serait un exemple dangereux à imiter, s’il devait s’imposer dans un pays caractérisé par un mouvement social fort comme l’est l’Argentine.
En particulier, l’expérience des entreprises récupérées est soumise à la destruction économique, la chute de la production, la baisse de la consommation et l’agression des juges, des médias et l’intensification de la répression. Une vingtaine de coopératives ont fermé leurs portes du fait de cette situation et d’autres connaissent une baisse de leur activité avec des pourcentages allant de 20 à 80% de leur capacité productive. Nous pensons que la préservation du meilleur de l’expérience autogestionnaire mondiale n’est pas seulement une lutte valable en Argentine, mais qu’elle concerne également le mouvement social mondial.
Pour cette raison, plusieurs organisations et personnes de différents pays, pour la plupart – mais pas exclusivement – membres du réseau international de l’économie des travailleur-se-s, ont décidé de former ce Comité International de Solidarité avec l’Autogestion en Argentine. Son but est de collaborer au maintien du mouvement, tant par la diffusion de ses difficultés que par des campagnes de solidarité active pour aider l’organisation en Argentine ; par la circulation de ses produits, pour le rendre visible et par l’aide économique, dans différents pays du monde, en valorisant l’exemple du travail et de la production sans patrons.
Nous appelons les organisations qui veulent collaborer et être solidaires à rejoindre ce comité et à organiser et proposer des actions pour renforcer et soutenir une expérience qui est un exemple mondial d’autogestion et de lutte.
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Pour aller plus loin :
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- « Entreprises récupérées: la résistance de la classe ouvrière à l’ultra libéralisme en Argentine »https://autogestion.asso.fr/entreprises-recuperees-la-resistance-de-la-classe-ouvriere-a-lultraliberalisme-en-argentine/
- « alerte et mobilisation de l’économie autogérée » https://autogestion.asso.fr/argentine-alerte-et-mobilisation-de-leconomie-autogeree/
- « 9e rencontre internationale Rosario (Argentine) » https://autogestion.asso.fr/9-rencontre-internationale-rosario-argentine-27-30-septembre-2023/
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