Luttes et perspectives pour l’autogestion en temps de crise
Conférence le Vendredi 16 mars 2012 à 19 h à la Faculté de droit, Athènes
Alors que les occupations, opérations de contrôle ouvrier ou de mises en autogestion semblent se multiplier en Grèce, une Conférence nationale est organisée à Athènes pour faire le point de la situation et coordonner l’action. L’Association pour l’Autogestion rendra compte prochainement de cette rencontre.
Les occupations d’entreprises se généralisent dans la Grèce en crise. Après la mise sous contrôle ouvrier de l’hôpital de Kilkis dans le nord du pays, ce sont pas moins de quatre hôpitaux qui sont aujourd’hui occupés. Il y a quelques semaines, les salariés d’Eleftherotypia, l’un des plus prestigieux journaux grecs, décidaient la relance du titre sous le nom Eleftherotypia des travailleurs. Deux numéros ont déjà été publiés sous cette formule.
Dans ces deux cas de figure, l’élément déclencheur de ces occupations sont les réductions et retards de salaires. Leta Zotaki, directrice du département de radiologie de l’hôpital de Kilkis et présidente du syndicat des docteurs de l’hôpital explique que « cette occupation ne concerne pas que les médecins et travailleurs de l’hôpital de Kilkis ». Ils s’engagent dans ce combat parce que les droits humains fondamentaux sont désormais menacés. Il est vrai que depuis septembre 2011, certains laboratoires pharmaceutiques ont cessé leurs livraisons à la Grèce et que de nombreux produits commencent aujourd’hui à manquer. Elle pense qu’au-delà de la Grèce, cette menace concerne « la totalité des classes populaires et moyennes de l’ensemble du monde. »
Il est exact que la situation des travailleurs hospitaliers de Kilkis est dramatique : « Les travailleurs de l’hôpital de Kilkis comme ceux de la plupart des autres hôpitaux et centres de santé en Grèce subissent des retards de salaires et certains d’entre eux ont même vu leur salaire quasiment réduit à zéro. Un de mes collègues a été transféré dans notre centre de cardiologie en état de choc quand il s’est aperçu qu’au lieu de recevoir son chèque mensuel de 800 euros de la part de l’Etat, il recevait une lettre lui expliquant qu’il ne serait pas payé ce mois-ci mais qu’en plus, il était redevable de la somme de 170 euros ! D’autres travailleurs hospitaliers n’ont été payés que 9 euros, voire moins, ce mois-ci. Ceux-qui reçoivent ce qui peut ressembler à un salaire les aideront du mieux qu’ils pourront » précise Leta Zotaki.
Alors qu’il semblerait que la Grèce arrive à restructurer sa dette et que la presse économique loue la responsabilité des banquiers face à une telle situation, elle objecte que « les prêts à la Grèce ne sont pas utilisés pour payer les salaires, les retraites et la santé publique. Les banquiers créent la dette eux-même (avec l’aide de gouvernements et politiciens corrompus) pour leur propre profit. Ils ont placé à la tête de la Grèce un banquier en tant que premier ministre pour s’assurer que le travail sera bien fait. Loukas Papadimos n’a pas été élu : il a été désigné par la BCE et la communauté bancaire avec l’aide de politiciens européens et grecs corrompus. C’est leur propre interprétation du mot « démocratie » ! »
Dénonçant le processus de création monétaire, elle poursuit : « Les dettes sont créées par les banquiers qui émettent de la monnaie à partir de rien et ramassent les intérêts que parce que nos gouvernements les ont autorisé à le faire. Et ils maintiennent que vous, moi, nos enfants et petits-enfants auront à les payer avec nos biens privés et publics, avec nos vies. Nous ne leur devons rien. Au contraire, ils doivent au peuple une grande partie de leur richesses qui été réalisée grâce à la corruption politique ».
Face à une telle situation, il n’est pas étonnant que diverses entreprises et services publics soient aujourd’hui occupés et pour certains relancés en autogestion. C’est pour répondre à cette situation qu’une première conférence portant sur les « Luttes et perspectives pour l’autogestion en temps de crise » se tiendra à Athènes ce vendredi 16 mars à l’initiative du syndicat du livre et du papier de l’Attique, du site web « Rouge profond » et du journal ouvrier Drasi (Action). Seront présents à cette conférence, Leta Zotaki de l’Hôpital de Kilkis, Makis Georgiadis, journaliste, membre de l’équipe des travailleurs non-payés de la chaîne de télévision ALTER, Aphrodite Politi, journaliste d’Eleftherotypia ainsi qu’un membre de l’assemblée des occupants du Ministère de la Santé. Une étape essentielle dans la construction d’alternatives concrètes face à la crise. L’Association pour l’Autogestion rendra compte prochainement des résultats de cette rencontre.
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