Jeudi 29 novembre 2018, une soirée débat s’est tenue sur le thème « Emanciper le travail ? » avec pour invités, Alexis Cukier, auteur de Le travail démocratique, édité par les Presses universitaires de France, et Thomas Coutrot, auteur de Libérer le travail, Pourquoi la gauche s’en moque et pourquoi ça doit changer, édité par les Éditions du Seuil. Nous publions ici la vidéo de cette soirée.

 

Les nouveaux modes de gestion managériale des salarié.e.s tendent à parcelliser le travail au point où ceux-ci sont réduits à l’état d’exécutants, source d’une souffrance infinie. C’est dans ce contexte que de plus en plus de voix s’élèvent pour que le travail reprenne du sens, pour que les salarié.e.s puissent eux-mêmes maîtriser et auto-organiser leur travail. C’est d’ailleurs une condition pour tout projet de démocratie politique radicale.

Paradoxalement, la gauche, dans toutes ses composantes, n’a que faiblement pris en compte cette dimension essentielle de tout projet émancipateur. Dans le passé, l’étatisation de l’économie n’a jamais permis d’explorer ce champ, les travailleur.se.s ayant tout simplement changé de patrons. Même dans les coopératives de travail (Scop), l’organisation du travail reproduit le plus souvent la coupure entre dirigeants et exécutants. Des expériences de prise du pouvoir des travailleurs sur leur travail ont existé mais sont restées sans héritage : Espagne 1936, Italie 1972…

Comment concevoir une nouvelle organisation du travail qui ne se limite pas à la simple élection d’une direction qui perpétuerait le modèle hiérarchique de commandement ? Comment faire coexister cette auto-organisation des travailleur.se.s avec les besoins exprimés par les usager.ère.s ?