Grandiose mise en scène que celle des épisodes du  « je t’aime, moi  non plus » entre le patronat et le gouvernement. L’amour et le dépit sont liés : Valls et Macron aiment l’entreprise, mais Gattaz se laisse désirer encore et encore.

Cette comédie en forme de tango Valls/Macron/Gattaz se révèle bien triste, et tragique. Tragique en tous cas pour le monde du travail car s’il y bien un point sur lequel ces « amoureux de l’entreprise » s’entendent, c’est que le salariat doit rester silencieux. Pouvoir patronal, pouvoir d’Etat… et que reste t-il des droits et libertés des travailleurs, éléments nécessaires aujourd’hui pour s’entraîner à exercer le pouvoir des producteurs librement associés de demain ?

Après avoir vidé de beaucoup de son contenu la loi qui permettait l’intervention des salariés dans la cession des entreprises c’est la suppression de l’élection comme mode de désignation des conseils des prud’hommes. Voilà comment nos grands démocrates entendent se passer du suffrage quand celui-ci les encombre. En revanche, quand il s’agit de déroger aux garanties minimales qui figurent dans le code du travail et les conventions collectives de branche, de contourner la représentation syndicale, on  consultera  entreprise par entreprise les salariés atomisés directement,

Les diverses propositions patronales tendant à réduire la représentation du personnel notamment dans les petites entreprises rencontre un véritable écho favorable auprès de nos gouvernants, tant du ministre de l’Economie que du Premier ministre en tous cas. Il en va de même des prérogatives et moyens qui sont encore ceux des Comités d’entreprise et délégués du personnel. Et c’est bien un « socialiste », le ci-devant maire de Lyon, qui propose au nom de l’égalité entre CDD et CDI, d’avoir une période d’essai de 3 ans. Il y a trente ans, le  ministre socialiste du travail Auroux expliquait fort justement que la précarité était l’ennemie de la citoyenneté dans l’entreprise. Aujourd’hui, ils sont bien nombreux les ennemis de la citoyenneté !

Le patronat se déchaine pour « libérer » l’entreprise alors que l’extension des droits des salariés n’en est que plus nécessaire. Et ce n’est pas le père Noël qui l’apportera. Ce sera au monde du travail de mettre les patrons au pas, pour se libérer de ses chaînes.

La lettre du mois de décembre