Même si notre association n’a pas vocation à s’impliquer dans une campagne présidentielle, son aboutissement ne peut que nous réjouir. Nous avons aussi remarqué à plusieurs reprises que les Scops sont venues à l’avant scène de la campagne, autant par les luttes en cours (Fralib, SeaFrance ou Hélio-Corbeil) que pour l’attention avec lesquelles elles ont été traitées par certain-es candidat-es.
On a ainsi vu à la bourse du travail de Paris les Fralib rassembler quatre candidats (Hollande, Mélenchon, Poutou et Arthaud) qui, ne serait-ce que par leur présence, montraient leur intérêt pour cette lutte. Cela été l’occasion de mettre en lumière la solution coopérative, solution pratique pour le maintien de l’emploi mais aussi de début d’alternative au capitalisme.
Aujourd’hui le rythme s’accélère pour les Fralib. Avant que ne s’installe le nouveau gouvernement, Unilever a tenté le tout pour le tout en essayant de déménager les machines du site et de vendre le terrain. Pour prévenir tout fait accompli, les salariés ont occupé l’usine dès le 12 mai et la région PACA vient de préempter le terrain. Après plus de 600 jours de lutte, Unilever est désormais contrainte de négocier sur le plan alternatif de la CGT et la CFE-CGC, ce que réclamaient les salarié-es depuis de longs mois. Il convient à cet égard de suivre attentivement ces négociations et de regarder si et comment le gouvernement fait pression sur une multinationale.
Fralib est un conflit sur le maintien de l’emploi. Hélas, d’autres se profilent à l’horizon. Durant cette campagne, François Hollande a pris dix engagements en faveur de l’Economie sociale et solidaire. Certes l’Economie sociale et solidaire n’est pas l’autogestion, loin de là, mais elle prouve la possibilité d’une économie dans laquelle le capital n’est plus aux commandes. Parmi ces propositions, se trouve l’engagement de consacrer une enveloppe de 500 millions d’euros de la future banque publique d’investissements à destination des entreprises de l’Economie sociale et solidaire. Cet engagement, positif, devra être tenu. Avec d’autres, nous y veillerons.
On a vu à l’occasion de la constitution du gouvernement de Jean-Marc Ayrault se créer un ministère de l’Economie sociale et solidaire. Ce n’est pas tout à fait nouveau : le gouvernement de Lionel Jospin comprenait un secrétaire d’Etat chargé de l’Economie solidaire en la personne de Guy Hascoët qui fut à l’origine du statut des Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC). Il s’agit désormais d’un ministère. C’est une première étape appréciable. Nous jugerons cependant aux actes l’activité du gouvernement dans un domaine où de nombreuses structures s’essaient à une expérimentation autogestionnaire des rapports sociaux.