Après des mois de retenue pour cause de campagne électorale, c’est désormais le déchainement. Les « plans sociaux » licencient par centaines, voire par milliers : Sanofi, PSA à Aulnay, Air France et bien d’autres encore, notamment dans les entreprises sous-traitantes des grands groupes. On attend le gouvernement PS et Vert précisément sur ce sujet. Pourtant on ne voit rien venir… pour l’instant.

PSA nous offre un spectacle édifiant. Alors que le secteur automobile est indiscutablement déclinant, le groupe choisit de délocaliser la production d’Aulnay pour la rentabiliser « ailleurs ». On désindustrialise ici pour rentabiliser ailleurs et dans le même temps on donne un signal : il faut mettre à genoux la classe travailleuse de France qui a maintes fois ces dernières décennies montré sa volonté de résistance au néolibéralisme. L’indignation dure quelque temps mais, quand le bruit médiatique retombe, si le rapport de forces n’y est pas, les salariés restent sur le carreau et le capital part à la recherche de « rendements meilleurs »…

(Affiche Peugeot Sochaux 1968.)

Pour empêcher ces licenciements, un rapport de forces est nécessaire  un front commun liant les citoyens, leurs organisations : associations, syndicats, partis, les élus appuyant les résistances et des solutions alternatives.

Dans le passé, l’industrie automobile étasunienne, menacée par la hausse du coût des carburants a été  secourue quasi gratuitement par l’administration Obama. Une fois le service rendu, GM a retrouvé son autonomie et Chrysler a été repris par Fiat. On a vu de telles opérations d’aide publique au secteur privé dans la chimie, la sidérurgie et le pétrole.

Rien ne serait pire pour un gouvernement qui se veut de gauche que de reproduire ce schéma à nouveau. Plus que jamais, les entreprises ont comme responsabilité de maintenir la totalité de l’emploi,  le Parlement et le gouvernement ont les moyens de l’imposer et peuvent s’appuyer sur une mobilisation soutenant des mesures légitimes. PSA refuse de maintenir l’emploi ?  Le capital fait la démonstration de son incapacité à maintenir une politique industrielle et socialement utile et écologiquement soutenable. Pourquoi l’expropriation du capital ne serait-elle désormais pas à l’ordre du jour ?  Le temps n’est-t-il pas venu pour MM Peugeot et actionnaires de céder la place à une autre forme de propriété ?, la propriété sociale, comme par exemple la coopérative .

Et qu’on ne nous dise pas que ceci est impossible dans une grande entreprise. Les expériences de la Lucas Aerospace et des chantiers de la Clyde, comme les prises de position de puissants mouvements politiques et syndicaux en RFA dans les années 1970 et 1980 montrent qu’une telle « utopie » est bel et bien réaliste.

Une telle mise en autogestion dans une entreprise de cette envergure remettrait en cause la légitimité des patrons et du capital, tout en  ouvrant la voie à la transformation/reconversion de l’outil industriel et à la définition d’une politique de développement à l’échelle régionale et départementale.

La lettre du mois de juillet-août