Dans le cadre des activités de la VIIIe Rencontre internationale des travailleur-se-s qui se déroule à distance actuellement à Mexico 1, le 9 septembre dernier, le département des relations sociales de l’Université autonome métropolitaine de Mexico (UAM-Unidad Xochimilco) effectuait une visite virtuelle, consultable en temps réel, au Centre de services communautaires des femmes en lutte (Centro de Servicios Comunitarios Mujeres en Lucha) 2.

Cette expérience initiée par des femmes de peuples originaires de San Miguel Topilejo est située à Villa de Tlalpan dans l’État de Mexico. Il y a une vingtaine d’années, elles se sont organisées pour récupérer un abattoir abandonné, devenu un lieu dangereux et insalubre, pour le transformer en un centre de services communautaires de femmes. Cet espace est géré sur le principe d’une coopérative intégrale et comporte donc diverses activités productives, sociales et culturelles qui s’articulent et qui s’adressent principalement aux femmes et aux jeunes de la ville. On y trouve notamment un atelier de production textile comprenant la conception et la fabrication de vêtements de sport et de travail, un atelier de sérigraphie, un centre de services communautaires qui offre des services de psychologie, des soins médicaux généraux, une cantine communautaire qui sert 200 repas quotidiens composés à partir de produits sains, un espace avec diverses propositions d’activités éducatives et culturelles et enfin un jardin potager.

Tabita Valadez, membre de l’organisation qui gère ce centre communautaire, mentionne que les personnes qui ont lancé et gèrent ce projet sont des femmes qui ont brisé « le paradigme de la femme originaire qui doit rester à la maison ».

María del Rocío Cantú, responsable du contrôle de la qualité textile de la coopérative Censertex, l’une des deux entreprises sociales intégrées au centre communautaire, souligne que 50 familles autochtones y travaillent et bénéficient économiquement et socialement des services offerts dans l’espace communautaire. L’atelier produit également des blouses spéciales pour le personnel soignant depuis le début de la pandémie. Il existe une polyvalence dans la réalisation des tâches.

Parmi les services proposés, citons le cabinet dentaire, la médecine générale et alternative, les soins de jour, ainsi que l’intégration dans le système de cantines communautaires. Josefina Serrano, responsable de l’espace social, précise que ces services sont ouverts à l’ensemble de la population. Josefina précise que la seule condition est que les contributions apportées par la communauté soient inférieures au coût commercial.

Le règlement des services tels que l’électricité, l’eau et le téléphone est autofinancé grâce aux ressources produites par les zones de production. La coopérative injecte des ressources dans l’espace social pour son fonctionnement ; elle ne reçoit pas de soutien de l’État ou de la municipalité, l’espace est donc considéré comme autogéré.

Tabita Valadez indique également qu’elles ont travaillé sur un projet de développement intégral pour San Miguel Topilejo en sollicitant la participation active du monde universitaire, des autorités et de la société civile pour planifier le processus sur le long terme, à 30 années minimum 3.

Concernant l’articulation territoriale avec les universités, Celia Pacheco Reyes, professeur de recherche du secteur des études du travail de l’UAM-UX, et membre active du réseau international de l’économie des travailleur-se-s souligne que « parmi les aides disponibles, il y a l’appui des universités pour approfondir leurs capacités et leurs compétences, pour les outiller aux niveaux de l’administration et de la comptabilité, pour promouvoir leur activité, pour monter des catalogues de produits et de services, et aussi pour aborder leurs problèmes quotidiens en tant que femmes, relatifs à leur santé, et aussi pour partager et échanger sur les expériences, dans des forums et des espaces de réflexion » 4.

Mais outre la présentation de cette expérience, nous avons été interpellé par la radicalité du discours de ces femmes qui ont tenues des propos d’émancipation, féministes, de lutte des classes avec une référence constante à l’autogestion que nous n’avons guère l’habitude d’entendre en France ou en Europe. Nous vous encourageons vivement à visionner la vidéo.

La vidéo de la visite virtuelle peut être regardée dans son intégralité
avec les sous-titres en français en cliquant sur le lien: https://www.youtube.com/watch?v=sPud8g5BexM

Pour en savoir plus :

Notes:

  1. https://autogestion.asso.fr/viiie-rencontre-internationale-de-leconomie-des-travailleuses-et-travailleurs-mexico-30-aout-au-31-octobre-2021/
  2. La vidéo de la visite virtuelle peut être regardée dans son intégralité avec les sous-titres en français en cliquant sur le lien : https://www.youtube.com/watch?v=sPud8g5BexM
  3. «Ellas crean Centro Comunitario con cooperativas y área social», Redacción La Coperacha – Ciudad de México – 15 octubre, 2018: https://lacoperacha.org.mx/mujeres-topilejo-espacio-vida-esperanza/  ; Voir la vidéo : 4’50 » : https://www.youtube.com/watch?v=ndKLrYcjg9c
  4. «México: Mujeres en Lucha de Topilejo, una apuesta por la autogestión», Ansol, Buenos Aires (Argentine) – 10 septembre 2021 : https://ansol.com.ar/2021/09/10/mexico-mujeres-en-lucha-de-topilejo-una-apuesta-por-la-autogestion/