Le Projet Open Source Ecology est un réseau de fermiers, d’ingénieurs et de techniciens qui produisent des machines industrielles en open source à moindre coût, pour aider le plus grand nombre à se ré-approprier ces outils nécessaires à la vie moderne, dans le respect de l’environnement et en s’opposant ainsi au mode de production capitaliste actuel.

Le Projet OSE (Open Source Ecology, cf wikipedia ) est un réseau de fermiers, d’ingénieurs et techniciens constitué autour du physicien Marcin Jakubowski, ayant pour but commun de produire un ‘Kit de Construction de Village Mondial’  en source ouverte (open source):

« Le ‘Kit de Construction de Village Mondial’ (Global Village Construction Set, GVCS) est une plateforme qui permet la fabrication aisée des 50 machines industrielles nécessaires pour bâtir une petite civilisation dotée du confort moderne. Le mode de vie moderne repose sur de nombreuses machines industrielles efficaces. Pour manger du pain, il faut une moissonneuse-batteuse. Pour vivre dans une maison en bois, il faut une scierie. Toutes ces machines nécessitent d’autres machines pour exister. En tenant compte de ces dépendances croisées, on obtient un petit groupe de machines reproductibles, le GVCS. » http://opensourceecology.org/gvcs.php

Le GVCS regroupe 50 machines (machine à compresser des briques, pelle mécanique, fraiseuse,… ). Pour quatre d’entre elles, la conception, les tests ainsi que la réplication par plusieurs volontaires de par le monde est achevée ou en phase finale. Une dizaine d’autres sont en cours de développement.

Le lieu d’expérimentation principal d’OSE se situe dans une ferme du Missouri, mais le mouvement essaime ailleurs dans le monde.

Il s’appuie sur plusieurs principes partagés par les autogestionnaires : rejet du mode de production capitaliste, ré-appropriation des savoirs productifs et du choix des matières premières, respect de l’environnement, partage des connaissances. A l’instar des Fablabs (cf celui de Barcelone), le projet OSE ne suffit pas à définir un projet de société autogestionnaire, mais il a le mérite d’expliciter notre dépendance aux machines industrielles, et de nous aider à choisir comment les concevoir et nous les approprier.

Le kit de construction du village global (GVCS)

Les machines du GVCS peuvent être regroupées en sous-classes en fonction des types de besoins humains qu’elles visent à satisfaire : habitat, agriculture, production industrielle, énergie, matériaux, transports.

On peut citer parmi les réalisations déjà disponibles ou en phase avancée :

  • presse à briques : l’un des matériaux permettant la construction la moins chère et la plus respectueuse de l’environnement est la terre crue. La presse à briques permet de compresser la terre crue et de produire des briques d’une dizaine de kilos. Celles-ci on servi à la construction du Hablab, un bâtiment de logements comprenant 12 studios, des parties communes et des ateliers, en cours d’achèvement.
  • petit tracteur: permet de charrier de grandes quantités de terre, de lever et de déplacer des charges diverses.
  • table de découpe de métal à commande numérique: permet de découper des feuilles de métal d’épaisseur variable nécessaires à la construction d’autres machines.

L’équipe met en ligne les éléments suivants afin de faciliter la réplication complète et l’utilisation de la machine :

  • liste de fournitures, avec coût total.
  • instructions de construction, d’assemblage, code source des logiciels utilisés.
  • manuel d’utilisation.
  • données d’utilisation sur le terrain et comparaison avec d’autres appareils équivalents.

Production et consommation locale, diffusion des savoirs globale

Le modèle de vie en société défendu par OSE ne doit pas être confondu avec un communauté autarcique. L’échange d’informations et de procédés, la levée de fonds provenant de particuliers et d’organisation se place d’ores et déjà à une échelle mondiale.

Pour prendre un exemple, le travail de conception des machines est collaboratif, sur le modèle du logiciel libre. Par exemple, pour certains objets ou pièces mécaniques critiques, des appels sont lancés sur des sites de partage de dessins techniques tels que GrabCad (cf la pelle mécanique)

En revanche, concernant les matériaux employés pour la construction et l’entretien d’une petite communauté, les consommations intermédiaires entrantes d’OSE semblent, à notre connaissance, provenir en majorité de l’économie marchande classique (micro-électronique, barres d’acier, boulons, bois, etc…). A terme, OSE ambitionne de réduire autant que possible les apports extérieurs, en tirant parti des matériaux disponibles sur place, pour produire des machines modulaires et facilement recyclables. L’aluminium, par exemple, serait extrait de l’argile du sol à l’aide d’un four.

Les sources d’inspiration de cette démarche sont multiples, de Gandhi (« production locale, consommation locale », cf http://oseeurope.org/) jusqu’au concept de « cradle-to-cradle » .

Un modèle d’habitat rural plutôt qu’urbain ?

Concernant la partie « habitat » du projet, on peut remarquer que le besoin de construction dense pour limiter l’emprise humaine sur l’environnement ne fait pas encore partie des préoccupations centrales d’OSE, bien que la construction d’immeubles en terre crue soit possible.

Pour la construction, on pourrait d’ailleurs se demander quels matériaux exploiter dans le cadre d’une ville, par opposition à celui d’OSE qui est plutôt rural. Quels sont les matériaux les plus faciles d’accès en ville, et peut-on étendre les procédures d’OSE dans ce cas ?

Au delà de l’habitat, concernant les matières premières nécessaires à la construction des machines, la même question se pose. Pour l’instant, on constate plutôt que de nombreuses pièces sont achetées dans le commerce. Néanmoins, à terme, l’objectif d’OSE semble être de récupérer les métaux et de les fondre à l’aide d’un four à induction. La mise en réseau avec des ressourceries ou déchetteries pourrait également faire partie de la solution du problème.

Le modèle économique d’OSE

Le modèle économique défendu par OSE est celui d’ « entreprise distributive ». Il ne s’agit pas bien sûr d’une nouvelle forme juridique, mais plutôt d’une profession de foi tenant lieu de modèle économique (« une entreprise distributive : Applique les principes de l’open-source. ; Distribue son « business model » de manière ouverte ; Utilise elle-même ce qu’elle produit ; etc…)

OSE semble fortement dépendante de son fondateur, M. Jakubowski. Nous n’avons pas d’information sur la forme juridique d’OSE, qui se présente comme une start-up. Nous n’en avons pas plus sur la propriété des parts de l’entreprise s’il y en a, et ne pouvons donc pas établir de comparaison avec les coopératives françaises (SCOP, SCIC, etc…). De même, le caractère démocratique des modes de décision est difficile à évaluer.

Le bilan financier ne permet pas de dénombrer les salariés s’il y en a, et donc de connaître le statut des coopérateurs. Le plus probable est que le projet repose en grande partie sur du volontariat pour l’instant.

Les revenus déclaré par OSE, qui, à notre connaissance, ne vend pas sa production mais la réutilise directement, proviennent en grande partie de dons et de mécénat de la part de fondations et autres institutions.

Perspectives de développement, présence près de chez nous

La croissance d’OSE semble rapide, à en juger par le budget prévisionnel 2012, le nombre d’embauches prévues, le nombre de machines en cours de prototypage, et les montants des subventions obtenues.

Pour finir, précisions que des projets inspirés par OSE semblent émerger plus près de chez nous http://oseeurope.org/. Des liens avec le village de Marinaleda sont explicitement mentionnés sur ce site ; mais rien pour l’instant en France.