L’État et ses serviteurs « socialistes » viennent de découvrir que la direction d’Alstom entendait liquider le site de production de Belfort. Cette surprise surprend. L’État est actionnaire à hauteur de 20 % du capital de la société. Chacun sait que n’importe quel actionnaire possédant 5 % d’une société est parfaitement informé de la marche de l’entreprise et de ses choix à court ou long terme. D’un autre côté, aucun dirigeant d’entreprise ne se risquerait de prendre une décision de fermeture d’un site de production sans en informer ses actionnaires « stratégiques ».
L’avenir de la production de trains doit revenir à ceux et celles qui les produisent, à ceux et celles qui les conduisent, à ceux et celles qui les utilisent
Une conférence nationale devrait être réunie pour élaborer un plan rail au service de la population. Elle devrait réunir 1) les cheminot(e)s et leurs organisations syndicales qui sont en mesure d’établir les besoins et les améliorations à apporter dans la conception des locomotives qu’ils et elles conduisent et les trains où ils et elles travaillent ; 2) les salarié(e)s des sites de production et leurs organisations syndicales qui peuvent déterminer les capacités productives et les coûts réels de production, en écartant toutes les opérations financières hasardeuses et coûteuses des directions en place ; 3) les usager(e)s et les collectivités.
Un plan de sauvetage d’Alstom est possible. C’est à une restructuration complète de l’entreprise à laquelle il faut s’atteler. Le modèle en vigueur a fait faillite. Ni l’État ni le Capital n’ont le souci de l’intérêt général. Une autre légitimité doit s’imposer : celle des producteur(trice)s et des citoyen(ne)s.
Se battre pour reprendre les entreprises
C’est ce que font les salarié(e)s d’Ecopla qui, après avoir exercé leur droit d’alerte sur les agissements de l’actionnaire principal, ont élaboré avec l’Union régionale des Scop un plan de reprise conservant les 65 emplois : les pouvoirs publics – encore eux ! – ne les ont pas écoutés. La boîte est désormais en liquidation et le tribunal a préféré vendre les actifs que de les confier aux salarié(e)s qui leur avait pourtant opposé un projet de reprise. Le « repreneur » ne reprend aucun emploi et veut déménager les machines…
Ecopla, Alstom même combat
Ce sont des entreprises toujours plus nombreuses de par le monde qui sont reprises par leurs salarié(e)s. Ces multiples exemples nous montre que des salariés savent mieux diriger leur unité de production que des actionnaires extérieurs à l’entreprise : à trois ans, une Scop a trois chances sur quatre d’exister encore alors qu’elle n’est que de deux sur trois pour une entreprise classique ; 22 % d’entre elles ont plus de vingt ans d’existence alors que les autres entreprises ne sont que 18 % dans ce cas.
C’est pourquoi l’autogestion n’est pas la solution pour les seules PME en difficulté. C’est à la fois une résistance et une construction en devenir qui concernent également, sous des formes particulières, les grandes entreprises comme Alstom.
Fin octobre, l’Association Autogestion participera à la 2e Rencontre euro-méditerranéenne de « l’économie des travailleurs » à Thessalonique dans les locaux de VioMe. Elle fait suite à celle de 2014 qui s’était tenue dans les locaux de Fralib à Gémenos. Sauf que maintenant, on ne les appelle plus les Fralib, mais les Scop-TI. L’histoire avance…