Article 49-3, répression, encore une fois le macronisme a frappé avec les outils de la 5e République et les matraques de sa police, confirmant ce que nous avons déjà à plusieurs reprises dénoncé sur notre site.

Dès son élection en 2017, le président – malgré la majorité absolue dont il bénéficiait à l’époque à l’Assemblée nationale – réformait en profondeur le code du travail par ordonnances : La procédure des ordonnances est déjà une confiscation du pouvoir parlementaire, abandonné sans état d’âme par la majorité parlementaire », et nous précisions :  « Le processus de fabrication des ordonnances réformant le code du travail est un symptôme visible confirmant le diagnostic porté par le mouvement social sur l’État Macron et le projet du monarque-président : les pouvoirs publics doivent être soumis aux règles en usage dans les affaires, et aussi dans l’action militaire, le secret ». (Les ordonnances: loi du secret contre la démocratie).

Au moment des Gilets jaunes, nous pronostiquions déjà « Si Macron gagne, il rejoindra la désormais longue cohorte des dirigeants autoritaires pour qui la démocratie se résume à gagner des élections, à faire ce qu’il veut pendant une mandature en s’appuyant sur les corps répressifs ».(Gilets jaunes: lère de la démocratie directe).

Encore en 2020, dans la crise sanitaire le verticalisme était confirmé, un verticalisme de surcroît sans efficacité : «  Le président- monarque décide tout seul en dernière instance sans même se préoccuper de la faisabilité desdites mesures. Là où il fallait faire preuve d’anticipation (que ce soit en juin 2020 ou au printemps avec l’apparition du variant delta) en appelant à la vigilance, préparant le service public de l’hôpital par des investissements, recrutements, etc. le gouvernement a fait comme si la crise était finie avant d’être pris de panique devant la réalité de l’épidémie. » (Pour une démocratie sanitaire).

Réélu par défaut contre Le Pen en 2022, le prince-président a perdu aux législatives la majorité absolue à l’Assemblée nationale. L’utilisation du 49-3 était en général une arme pour « discipliner » sa propre majorité, dans la situation actuelle elle est encore plus manifestement un outil antidémocratique pour bâillonner l’opposition. Et ce mépris pour la démocratie politique se double d’un mépris de ce que l’on appelle la démocratie sociale. Même des partisans du projet macronien sur les retraites s’en alertent, voire s’offusquent effrayés par le « contournement des corps intermédiaires ». Mais rien ne semble freiner la volonté jupitérienne, pas en tous cas les réprobations de la presse internationale ni les inquiétudes d’institutions tout-à-fait officielles.

Il ne suffit pas de dénoncer cette 5e République à bout de souffle, encore faut-il bâtir des alternatives. Certaines sont issues de programmes élaborés par des mouvements politiques, en vue de passer à une 6e République, d’autres émergent des pratiques sociales, telles la revendication d’un authentique référendum d’initiative citoyenne. Il convient surtout de s’appuyer sur les démonstrations les plus avancées du mouvement social de ces dernières années mettant en lumière les capacités de la population – au travail, en formation, dans la ville – à prendre en charge ses propres affaires. Dans les rapports de force de la Libération, la sécurité sociale fut conquise avec le principe de sa gestion majoritaire par les salariés.  Les élections y furent supprimées, comme pour les conseils de prud’hommes ultérieurement. Les 50 ans de Lip rappellent qu’il n’y aura pas de pouvoir démocratique, populaire si à la base le pouvoir n’est pas directement exercé par celles et ceux qui produisent dans les entreprises, qui étudient dans les établissements d’enseignement, qui habitent et vivent dans les villes et les campagnes.

La défense des services publics en est une illustration bien actuelle, avec l’objectif, en ce qui nous concerne, de services publics autogérés dans la perspective plus globale d’une république autogestionnaire.