Le virus existe et il n’a pas de frontières, la pandémie mondiale est réelle et a fait plus de deux millions de morts.

Dans cette situation, la nécessaire dénonciation de la politique gouvernementale ne suffit pas, il est indispensable de proposer des mesures d’urgence tout en changeant de cap fondamentalement quant à la politique sanitaire. En effet, nous payons le prix de décennies de politiques de destruction de l’hôpital public, de privatisation de la recherche et de logique du profit qui guident les grandes firmes pharmaceutiques. Comment ne pas être scandalisés par l’annonce de SANOFI qui réduit ses effectifs de centaines de chercheurs alors que l’urgence vaccinale est là ?

Ces logiques qui ont mis à mal le service public sont, de surcroît, inefficaces.

Rappelons-nous la destruction des stocks des masques périmés et le choix de ne pas les remplacer. Les menteurs cachant alors la pénurie et leur incurie en affirmant que les masques n’étaient pas utiles.

Rappelons-nous l’échec de la campagne des tests.

Et aujourd’hui,nous avons les péripéties de la « stratégie » vaccinale qui s’étalent au grand jour.

C’est Kafka et Courteline au 21e siècle… C’est l’alliance d’un gouvernement d’incapables et de dirigeants de multinationales âpres au gain.

Et pourtant, là ou l’administration a échoué, les initiatives populaires et celles des soignant·es ont montré l’ébauche d’autres voies. Face à la pénurie de masques, il y a eu des travailleuses et des travailleurs pour reconvertir l’outil de travail, des associations reconvertissant leurs moyens humains pour produire, distribuer, assurer la solidarité. A l’hôpital, pendant plusieurs semaines, l’administration a dû abandonner momentanément son pouvoir. Des collectifs réunissant soignants et usagers ont élaboré des plans alternatifs de santé publique. Aujourd’hui, des mairies ont mis en place des installations pour la vaccination. Il ne manque que les vaccins, et même parfois les seringues.

Confinement, couvre-feu, fermetures ou ouvertures de commerces et services, priorités vaccinales, aucune méthode n’est à écarter en soi. Il faut de la transparence, de la cohérence, et des choix. Or aujourd’hui qui arbitre ? Le président de la République seul, même s’il s’entoure d’avis de ministres, de conseils de défense ou sanitaires tel un monarque. Le Parlement est dessaisi, puisque la majorité des parlementaires a renoncé à exercer le peu de pouvoirs que lui réserve la Constitution de la 5e République pour les transférer à l’exécutif avec l’état d’urgence sanitaire dont on sait qu’il réduit de plus en plus l’espace des libertés publiques.

Il convient donc à la fois de mettre en avant des mesures fortes, et de commencer à les mettre en œuvre là où c’est possible.

La réquisition est un instrument juridique, cela vaut aussi bien pour les hôtels en vue d’héberger les sans-abri ou de servir à des fins de quarantaine dans de bonnes conditions.

Mais peut s’appliquer à tous les secteurs qui s’avèrent « vitaux pour la nation ». Il est donc grand temps de réquisitionner SANOFI et les laboratoires pharmaceutiques, d’ouvrir leurs livres de compte, de contester leurs choix industriels et économiques pour les mettre au service des besoins sociaux.

Fabriquer des vaccins, tester la population, l’urgence peut imposer leur ouverture ou leur travail 24 h / 24 h, 7 jours sur 7. C’est là que le travail du dimanche se justifie exceptionnellement et non dans les grands magasins. Les salarié·es, leurs syndicats et leurs institutions représentatives peuvent tout à fait évaluer les besoins, le nombre d’embauches nécessaires.

Les vaccins doivent être un bien commun, il faut mettre fin aux brevets.

Sanofi doit mettre ses lignes de fabrication au service de la fabrication des vaccins.

A l’hôpital public, comme dans les cliniques privées qu’il faut réquisitionner, il faut que le pouvoir revienne aux équipes soignantes.

Alors qu’est en débat la vaccination en entreprise, il n’est pas pensable que soient mis à l’écart des décisions les CSE, leurs commissions santé sécurité et conditions de travail, les syndicats.

Face à l’autoritarisme inefficace du gouvernement et à ses conseils sans légitimité démocratique, loin de la caricature qui est celle du comité consultatif citoyen tiré au sort mis en place un an après les débuts de l’épidémie, il faut dresser une autre légitimité. L’idée un moment évoquée d’un « Comité de santé publique » en mars-avril par quelques-uns pourrait être reprise par les associations de toutes natures (populaires, professionnelles), les syndicats, les élus pour assurer l’information face aux mensonges d’Etat comme aux fake-news complotistes, proposer – voir imposer – les mesures d’urgence tenant compte non des besoins de « l’économie » (dans le langage dominant c’est en fait celui les besoins des actionnaires) mais des besoins de la population.

L’urgence sanitaire, ce n’est pas moins de libertés collectives, c’est la prise en main de ses affaires par l’ensemble de la population.

https://www.wesign.it/fr/sante/brevets-sur-les-vaccins-anti-covid-stop-requisition-