Syriza a gagné les élections. Contrairement à 2005 où les partisans du non étaient les parias des médias, Tsipras est désormais le chouchou. Tous reconnaissent que la victoire de Syriza marque l’échec des politiques de la Troïka qui, plutôt que d’alléger la dette, n’ont fait que l’augmenter. Elle représente désormais 177 % du PIB et continuer dans cette voie ne peut mener qu’au défaut de paiement. La renégociation de la dette grecque ne fait plus de doute. Angela Merkel a préféré de ne pas commenter cette victoire. Une autre époque s’ouvrirait-elle pour l’Europe ?

Notre site a publié de nombreux articles sur les diverses initiatives autogestionnaires des grecs, tant dans la santé que dans les entreprises ou les médias. Nous y reviendrons mais ce foisonnement était au minimum le signe d’une montée de la conscience.

Le programme de Syriza en trois points.

  • Stopper l’austérité en restaurant le salaire minimum d’avant crise, rétablir un 13e mois pour les retraites inférieures à 700 euros, fournir l’électricité gratuite pour 3 millions de ménages aux ressources faibles et assortissant le tout d’un programme de travaux publics pour créer 300 000 emplois…
  • Négocier avec les créanciers. 25 % sont des créanciers privés et le reste est détenu par les États-membres de l’Union européenne, ce qui laisse à penser que risque systémique semble donc écarté.
  • Mettre un peu d’ordre dans les finances publiques, lutter contre la corruption et mettre la très riche église orthodoxe à contribution ainsi que les armateurs.

Ces trois volets sont complémentaires. La fin de l’austérité doit donner un coup de fouet à l’économie. Conjuguée à la lutte contre la corruption et une fiscalité plus équitable, tout ceci facilitera de meilleures rentrées fiscales. La renégociation de la dette permettra d’alléger le fardeau qui pèse sur les finances publiques.

Quelle sera l’incidence de chacune de ces mesures dans le rétablissement ? C’est l’inconnu et nul ne sait si un équilibre va être trouvé qui permettra d’entrer dans un tel cercle vertueux. Le coût du plan est de 12 milliards de dépenses budgétaires. La Grèce doit rembourser 12 milliards au FMI et à la BCE d’ici à la fin de l’été mais 7,2 milliards en provenance du FMI et de la BCE étaient prévus pour juillet.

Un vrai bras de fer

Le gouvernement grec veut rester dans la zone euro et ne pas faire « défaut ». Les créanciers, pour la plupart les pays de l’UE, insistent sur le « respect des engagements pris » en évoquant de vagues rééchelonnements, des baisses de taux d’intérêt mais pas d’effacements. En bref, on ne change pas grand-chose alors que les plans de rigueur ont totalement échoué.

Élu dimanche, majorité lundi matin, premier ministre lundi après-midi, gouvernement mardi, réunions et décisions qui appliquent le programme mercredi. Siriza est à l’offensive et l’UE s’affole.

La relance grecque sera-t-elle possible et suffisante pour honorer les échéances ?
Syriza mise sur une relance de l’économie par une croissance des revenus. Dans l’esprit de Keynes, un déficit budgétaire immédiat n’a pas d’importance si il permet de relancer l’économie et de procurer demain de nouvelles ressources fiscales pour combler le déficit antérieur. Or depuis l’après-guerre, l’histoire nous apprend que les déficits antérieurs ont le plus grand mal à être comblés.

Les créanciers privés se sont « fait la malle » en transférant le fardeau sur les États par le rachat des dettes. Si les grecs « ne payent pas », ce seront alors les français et les allemands qui « paieront à leur place ». Ce discours vise à dresser les peuples les uns contre les autres et à la dislocation de l’Union européenne.

Il faut revenir sur l’origine de cette dette. Celle-ci a permis aux grandes entreprises de l’Union européenne de vendre des produits et services (voitures, armements, infrastructures…) en Grèce en réalisant des profits durant de nombreuses années. Il est donc urgent que les actionnaires reprennent à leur charge cet endettement insupportable des États européens. Il est possible que cela mette ces entreprises en difficulté. La reprise en autogestion de ces entreprises par les salariés des différents pays européens ne serait-elle pas alors la solution ?

La lettre du mois de février