Dans son discours du 21 février, Vladimir Poutine niait l’existence-même d’un État et d’un peuple ukrainiens qui n’auraient été qu’une « invention » de la révolution russe de 1917. Trois jours plus tard, les actes suivent les paroles et l’armée russe commence une invasion de l’Ukraine pour la « démilitariser » et la « dénazifier ». C’est une guerre qui a commencé, et l’agresseur en ce 24 février 2022 est bien la Russie de Poutine.

La guerre a confirmé pour les uns, révélé à d’autres, renforcé en tous cas, l’existence d’une solidarité nationale et surtout provoqué une auto-organisation populaire – tout autant spontanée qu’encouragée par les institutions – combinant initiatives citoyennes et actions administrative, gouvernementale, militaire.

A l’initiative des travailleur·uses, la reconversion de la production de nombreuses entreprises pour soutenir l’effort de guerre a été organisée. Une usine de métallurgie fabrique maintenant des barrages anti-chars. « On a eu juste besoin d’une journée, l’ingénieur nous a dessiné le prototype et on l’a mis en production » explique un ouvrier. Le directeur de l’entreprise ajoute « Nous avons arrêté notre production habituelle pour nous consacrer à la fabrication de ces structures métalliques qui serviront de barrages pour arrêter les chars des occupants. Depuis le début de l’invasion, on est mobilisés pour fabriquer tout ça. Mais nous sommes vite arrivés à court de matière première. Heureusement des bénévoles nous ont apporté plus de métal et on a pu élargir la production de ces barrages. On a un groupe sur l’application Telegram qui réunit une quinzaine d’usines de la région. Certaines fabriquent des herses également. » À Lviv des femmes et des enfants se sont organisé pour fabriquer des filets de camouflage pour l’armée. Une brasserie qui dispose d’un stock de bouteilles s’est reconvertie en usine de fabrication de cocktails molotov. Une bibliothèque s’est reconvertie en manufacture de filets de camouflage. Les exemples sont nombreux de reconversion d’entreprises de reconversion à des fins militaires. Le directeur français d’une entreprise textile française en Ukraine raconte que le week-end les ouvriers et les ouvrières utilisent les machines et le matériel de l’usine pour fabriquer des filets de camouflages. Avec son consentement.

Municipalités, administrations locales, groupes d’habitants organisent ensemble la vie quotidienne, le ravitaillement, les soins, les évacuations. C’est en coopération que l’armée régulière et les collectifs d’autodéfense de volontaires agissent. C’est l’amalgame qui nous évoque celui des soldats de l’an II défendant la République à Valmy contre les monarchies et empires européens en 1792.
En tant que partisans de l’autogestion, nous sommes défenseurs du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes, et c’est aux Ukrainiens – et non à la Russie ni à tous autres Etats ou puissances – de décider à leur place de leur présent et de leur avenir. Le retrait des troupes russes de l’Etat souverain d’Ukraine constitue une revendication démocratique élémentaire. Le soutien à la résistance du peuple ukrainien d’une part, comme d’autre part à celles et ceux qui en Russie même s’opposent à la guerre en sont le moyen.

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La question militaire et l’autogestion