Nous publions cet article qui concerne une organisation de lutte, membre active du réseau international de l’économie des travailleuses et des travailleurs auquel participe l’association Autogestion. La lutte que mène le SME depuis 2009, date à laquelle a été décidée la privatisation de l’électricité sous la présidence de Felipe Calderón, est héroïque. Après l’élection de Claudia Scheinbaum à la présidence de la République du Mexique, le SME continue de revendiquer sa réintégration dans le secteur national de l’électricité et particulièrement les coopératives de production et de distribution d’électricité qu’il gère. Lors du mandat précédent d’Andrés Manuel Lopez Obrador, cette volonté n’avait pu se concrétiser. Comme l’indique José Manuel Fonseca Moreno, les discussions avec la nouvelle présidente issue elle aussi du Mouvement de régénération nationale (MORENA) laisse penser que la situation évolue.
Vers une transition énergétique dans le respect de la justice du travail et de la souveraineté nationale
Le Syndicat mexicain des travailleurs de l’électricité (SME) est historiquement l’une des organisations syndicales les plus représentatives, combatives et démocratiques du Mexique. La lutte de ses membres actifs, marquée par la défense des droits du travail, de la souveraineté énergétique et de l’autonomie syndicale, a été une référence de la résistance aux politiques néolibérales qui ont tenté de démanteler le secteur public de l’électricité.
Fondé en 1914, le Sindicato Mexicano de Electricistas a été un pionnier dans la défense des travailleurs du secteur de l’électricité. L’extinction de Luz y Fuerza del Centro en 2009, sous le gouvernement narco-usurpateur de Felipe Calderón, a laissé plus de 44 000 travailleurs sans emploi. Depuis, nous avons poursuivi la lutte pour le rétablissement et la récupération du secteur national de l’électricité.
Le Mexique s’oriente vers un modèle d’autosuffisance énergétique pour lequel la Commission fédérale de l’électricité (CFE) tente de retrouver un rôle stratégique et a besoin d’une main-d’œuvre qualifiée et compétente, dotée d’une expérience technique et d’une conscience sociale, comme ceux d’entre nous qui constituent la lutte de résistance digne.
La Présidente Claudia Sheinbaum a fait de la transition énergétique un des axes stratégiques de son projet national. Sur les 18 points présentés le 3 avril 2025, au moins 8 sont directement viables pour la réinsertion du SME :
- transition énergétique juste
- renforcement de la commission fédérale d’électricité
- Efficacité énergétique
- Programme national d’énergie solaire communautaire
- Réindustrialisation verte et justice sociale
- Formation technique en matière d’énergie propre
- Création d’entreprises publiques pour la transition énergétique
- Programme national de souveraineté énergétique
La transition énergétique du Mexique ne peut et ne doit pas se faire sans justice professionnelle et sans l’expérience de ceux qui ont historiquement défendu la souveraineté de l’électricité. La réintégration des membres du SME n’est pas seulement une revendication juste, mais une opportunité stratégique de profiter de leurs connaissances, de leur engagement et de leur capacité organisationnelle pour construire un secteur énergétique national, souverain et durable. Le gouvernement actuel a entre les mains la possibilité de concilier justice sociale et transition énergétique.
La situation actuelle offre une opportunité unique : lier l’expérience et la lutte du syndicat mexicain des électriciens à la transformation énergétique du pays. Le leadership de Martin Esparza Flores, notre secrétaire général, a montré qu’il est possible de résister, de proposer et de construire des alternatives avec autonomie, démocratie et vision du futur, ce qui est essentiel pour maintenir la cohésion interne et la vision stratégique.
Traduction et chapeau de Richard Neuville
Le 8 avril 2025
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Pour en savoir plus : Site du Syndicat mexicain des électriciens