DFDS et Louis Dreyfus Armateurs proposaient aux salarié-es de SeaFrance des licenciements massifs et des baisses de salaires. En réponse à cela, ces derniers ont préféré monter une SCOP qui se proposait de reprendre l’activité de SeaFrance. Sarkozy et le Tribunal de commerce en ont décidé autrement. C’est parce qu’ils osaient demander la non-liquidation de SeaFrance et la continuité en SCOP qu’ils ont dû subir un matraquage médiatique ignoble, relayé par Chérèque alors que le mouvement syndical se devait de montrer une solidarité sans faille. Fort heureusement, le projet de SCOP SeaFrance n’est pas mort.
Idem à Gémenos (13) où les Fralib, en contestant à Unilever le droit de fermer leur usine, exigent de conserver leur activité en l’autogérant.
Symptomatique de l’air du temps, les candidats à la présidentielle et même le gouvernement font référence explicite ou implicite aux SCOP. Mais des SCOP dans quel environnement ?
Pour Nicolas Sarkozy, dans sa prestation télévisée de « non encore candidat », le redressement du pays et des finances publiques passe désormais par la compétitivité, compétitivité qui se résume à une baisse du coût du travail. Outre le projet de TVA sociale, une de ses propositions visait à supprimer pour de bon la primauté du droit du travail et des conventions collectives sur les accords patron-salariés internes à l’entreprise. Ainsi, un simple accord d’une partie des syndicats ou de salarié-es permettrait de réduire les salaires de tous. C’est fou ce que la crise autorise…
C’est « coopération » n’est pas la nôtre, c’est celle du renard dans le poulailler. Dans cette période de ralentissement économique, l’essentiel est de ne pas céder au chantage des baisses de salaires au nom de l’emploi. La fermeté sur l’emploi et les salaires permet de passer de la défensive à une résistance active, offensive, qui envisage un changement salutaire de société dans laquelle nous ne serions plus subordonnés sur les lieux de travail mais acteurs de notre propre destin. En se passant des profits des actionnaires, les travailleurs sont les mieux à même pour gérer leur unité de production, comme en témoigne le fait que le taux de survie des SCOP est supérieur à celui des entreprises classiques.
Mais la perspective autogestionnaire ne se limite pas à une addition d’entreprises récupérées en coopératives par leurs salarié-es. Fralib le montre, prendre en main la production signifie s’interroger sur la finalité sociale de celle-ci. Au-delà de la sauvegarde des emplois, les travailleur-euses de Fralib questionnent les composants chimiques utilisés dans la fabrication des infusions, le manque de transparence dans les produits proposés et veulent associer les usagers et les pouvoirs publics : il s’agit de sortir des relations marchandes pures.
Un marché d’entreprises se substituant à un marché d’entreprises de capitaux ne saurait constituer une solution en soi. Tout comme la naissance d’une SCOP est souvent le résultat d’une action de défense de l’emploi, les coopératives tendent naturellement à réduire les relations marchandes afin de garantir la sécurité à leurs membres. Vaste programme qui reste à écrire et dont l’Association pour l’Autogestion prendra toute sa part en cette année 2012, année internationale des coopératives.