La conférence Open Source Hardware rassemble des contributions ayant trait aux aspect techniques, éducatifs, entrepreneuriaux et juridiques du secteur du matériel ‘open source’. La démocratisation des technologies à faible coût est exploitée par un nombre croissant d’organisation (association, petites entreprises) et peut être exploitée pour développer l’autogestion.

La maîtrise des technologies modernes est une des conditions de l’émancipation,  qu’il s’agisse de l’accès à l’énergie, à la santé, aux transports et télécommunications, à l’alimentation et l’habitat, etc….

Par exemple, la prise en main populaire de problèmes environnementaux tels que la radioactivité ou la pollution nécessite des techniques de mesure a priori trop onéreuses, ou d’un usage trop complexe pour nombre de citoyens. Cet état de fait est en train de changer, et aujourd’hui grâce aux logiciels et matériels ‘Open Source’, la mesure de radioactivité à l’échelle d’un pays entier (cf Akiba), la spectrométrie ou l’imagerie aérienne sont à portée de main du grand public pour le plus grand bonheur des militants politiques, syndicaux ou associatifs.

De plus, d’un point de vue économique, les technologies ‘open source’ représentent un marché en forte croissante, ne serait-ce que dans le domaine de l’électronique (cf le magazine Make), les entreprises Evil Mad scientist, Makerbot, Sparkfun, Seeedstudio, etc…). Il est probable qu’un nombre croissant de start-up et pourquoi pas de scop (ou de leur équivalent à l’étranger) tire parti de cete abaissement des coûts d’entrée sur le marché de l’électronique grand public.

La conférence Open Source Hardware

Dans le domaine du logiciel, une longue lutte pour abaisser le coût d’accès a permis aujourd’hui un usage simple et à moindre coût de techologies robustes et efficaces. Mais depuis quelques années, dans le domaine du matériel (‘hardware’),
un mouvement similaire se développe, pour étendre cette reprise en main populaire des technologies à l’électronique, aux machines agricoles, aux techniques du bâtiment, aux machines-outils, à l‘instrumentation scientifique. Aux USA, la Open Source Hardware Association s’est par exemple crée pour servir ces objectifs il y a quelques années, et organise depuis 2010 une conférence pour rassembler une communauté de passionnés, mais aussi d’enseignants et de professionnels.

Les thèmes principaux du Open Source Hardware Summit sont l’éducation technique, la conception et la fabrication d’objets techniques, mais ne s’y limitent pas. Ainsi, la question des modèles économiques et les aspects juridiques des activités liées au ‘open hardware’ font partie du spectre des interventions. Une autre thématique est celle des activités artistiques permises par l’essor des technologies ouvertes.

Ci-dessous nous passons en revue le contenu de plusieurs des sessions de la conférence.

Educatif et communautés locales
Plusieurs expériences d’événements éducatifs tournés vers les jeunes, ou vers l’appropriation locale de question environnementales sont présentées :

  • le public laboratory for open technology propose de fabriquer des instruments de mesure scientifique (spectromètre, caméra en proche infra-rouge, appareil photo embarqué sur une sonde pour effectuer des prises de vue aériennes de pollution, etc…). L’objectif est de faciliter une appropriation citoyenne de la gestion de l’environnement.
  • Le Scrapyard challenge ou Fablab@School forment à la fabrication d’objets techniques à partir de matériaux récupérés.

Fabrication de machines de base
Dans cette session, les participants montrent comment concevoir et produire des machines-outils de base, précises et peu onéreuses (par exemple un tour, servant à usiner des pièces à symétrie cylindrique, pour 150$), mais aussi comment partager les designs de robot, ou d’imprimante 3D tels que la RepRap.

Conception et de la production dans les entreprises du secteur ‘open source hardware’

Cette session regroupe plusieurs entreprises qui fabriquent et vendent des matériels ‘open source’, notamment en s’appuyant sur la plate-forme Arduino (plate-forme électronique  open source très populaire dans le milieu des hackerspace/fablab, de plus en plus également dans le domaine de l’éducation). C’est le cas de Wyolum.com, qui vend des horloges et des kits électroniques à assembler.

Des question similaires se posent à ces entreprises et à celles du domaine ‘closed source’: nécessité des études de marché et du marketing (cibler les clients, les interroger pour connaître leurs besoins); choix des processus de production parmi ceux disponibles, notamment dans le domaine des carte électroniques (cf Amanda Wozniak); amélioration itérative de l’ergonomie des produits en s’appuyant le plus possible sur une communauté d’utilisateurs fidèles qui suivent le développement du produit en temps réel.

Aspects juridiques, propriété intellectuelle
Une partie des interventions traite du problème de la propriété intellectuelle, qui préoccupe les parties prenantes du logiciel et matériel libre. En effet ces entreprises petites ou moyennes sont confrontées à une contradiction: elles s’appuient sur des techniques open source, mais prennent le risque d’être copiées et privées de leurs sources de revenus en rendant disponibles les schémas de conception et le code source des logiciels qui constituent les produits qu’elles vendent. Par exemple, une entreprise indélicate peut récupérer un design open source, l’incorporer à son produit, et distribuer ce dernier sans mentionner d’où proviennent les parties open-source, et bien sûr sans open-sourcer elle-même son produit.

Il ressort des interventions que, là ou le logiciel libre permet de protéger le statut ‘open source’ des codes source (exemple des licences GPL), le matériel ‘open source’ ne le ne permet pas, à moins de recourir aux brevets, ce qui est à la fois trop cher pour les petites entreprises du secteur, et contraire à l’esprit open source.

L’intervention de K.Bradford tend de surcroît à montrer (en s’appuyant sur des travaux universitaires) que la propriété intellectuelle ne sert en définitive qu’à alimenter l’industrie de la propriété intellectuelle (agence de dépôt de brevet), et ne sert ni à protéger les inventions, ni à générer du revenu pour les détenteurs de brevets via le mécanismes des licences.

Perspectives
De nombreux travaux ont trait à l’instrumentation scientifique, tels que backyardbrains.com qui conçoit une carte électronique d’analyse de signaux neurologiques pour la recherche en neurosciences. La société affirme avoir vendu 2000 cartes et généré 200000$ de revenus sur ce projet, et publie même un article scientifique (Greg Gage, backyardbrains.com).

D’autres scientifiques conçoivent un pH-mètre solaire pour des mesures de terrain portant sur l’écologie microbienne (R.Neches). Un groupe travaille actuellement sur la conception d’avion de tourisme open source.

Plusieurs autres foires techniques populaires ainsi que des conférences sont prévues dans les mois qui viennent, notamment Exceptionally Hard & Soft Meeting à Berlin en décembre où seront présentées des techniques open-source  de pointe:

  • conception de micro-processeurs.
  • compteurs Geiger.
  • téléphonie GSM.
  • photographie haute fréquence.
  • microscopie électronique à balayage, rayon X.