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Primaires

Trois millions de participants aux primaires, signe d’une volonté de citoyennes et de citoyens non membres de partis ou d’organisations de « faire de la politique ». Mais cette aspiration à participer à la décision publique ne peut s’accorder avec les institutions de la 5e République. La démocratie ne saurait être confondue avec la consultation, de temps à autres, où l’on demande à des électrices et des électeurs de choisir parmi des programmes élaborés en dehors d’eux. Des exemples abondent où, organisés collectivement, en comités, conseils, assemblées dans les villes, dans les établissements c’est par l’exercice d’une démocratie directe que les populations décident des priorités, de l’action, de désigner et contrôler les porte-parole.

Ce fut le cas en 1970-1973 au Chili, dans les usines de Téhéran en 1979,  reprenant sans le savoir les expériences de la Commune de Paris et celles de toutes les révolutions et émancipations où la base veut avoir son mot à dire, et garder la parole. Comment ne pas se faire confisquer cette parole, ce pouvoir populaire ? Car même quand le sommet prend l’initiative de l’autogestion – comme en Algérie en 1963 – apparatchiks, bureaucrates, fonctionnaires alliés aux puissants économiques (anciens ou nouveaux)  ont repris la main.

Ces questions sont celles qui se posent aujourdh’ui. Elles se posent aux révolutions arabes qui vivent également leurs propres contradictions. Elles se posent aux « indignés » qui descendent dans la rue en manifestations monstres dans tous les pays.

AG de l’association pour l’autogestion

C’est justement l’utilité de l’Association pour l’autogestion, qui vient de tenir son assemblée générale que d’aider à poser et à répondre à ces questions. Aider, et pas répondre elle-même, en ayant comme objectif, à la fois modeste et ambitieux, de fournir des éléments, de stimuler les rencontres, les discussions, les élaborations.

On compte déjà dans le monde 950 villes «indignés» ! La Grèce tout entière est indignée, au point que Papandreou prévoit une consultation par référendum. Les enjeux sont extraordinaires. Mais la Grèce n’est pas la seule. Les Islandais, eux, ne se contentent pas de refuser de payer pour la bulle : ils en profiteront pour juger leur ex-premier ministre.  Des dictateurs arabes chassés à «Wall-Street occupée», ce ne sont pas seulement les «élites» politiques mais aussi économiques qui sont visées. Leur pouvoir concentré, elles se le gardent jalousement et se soutiennent les unes les autres pour mieux nous résister.

Un autre monde est possible

Alors à nous de jouer, à nous de montrer qu’un autre monde est possible, en expérimentant les avancées comme les obstacles auxquels sont confrontés les réseaux autogérés, de coopératives de production, de distribution, de financement, de consommation, de contrôle de la santé, etc.  Ça marche déjà au Pays basque ! À nous de constituer des conseils, d’élire et de contrôler nos représentants et de reprendre en main la production. Cela peut commencer par les travailleurs des banques, leurs syndicats et comités d’entreprise exigeant le dévoilement des mouvements financiers, le contrôle des capitaux. Des primaires PS aux régies de quartier, le besoin de participer, de gérer nous-mêmes nos affaires n’est plus à démontrer !

Colette Web