Le mépris pour la parole des citoyens et le suffrage universel, voilà la réponse que les « marchés », les institutions internationales et nombre de commentateurs ont opposé au projet de référendum en Grèce. Ce n’est pas ici le lieu de s’attarder sur les motivations qui ont conduit Papandreou à vouloir soumettre le plan d’austérité imposé par « l’Europe » (comme si Merkel, Sarkozy et consorts représentaient les peuples du continent). Notons simplement que pour le personnel politique, économique et financier, et tout ce qui se considère comme « l’élite » intellectuelle et journalistique, la moindre idée que le peuple s’exprime sur ce qui le concerne est « irresponsable ». Paradoxalement, c’est la Grèce, berceau de la démocratie athénienne et première expérience de démocratie directe, qui a été la cible des marchés qui ont préféré que la politique soit faite par les « experts ». En présentant la finance et la banque comme des activités apolitiques se situant au dessus de la mêlée, ils rejettent l’idée de tout contrôle démocratique. C’est ainsi que les nouveaux gouvernements de la Grèce et de l’Italie ont été nommés sans aucune autodétermination populaire.
De l’autre côté, des producteurs et des citoyens démontrent leurs capacités à proposer des plans alternatifs dans des entreprises condamnées arbitrairement par leurs propriétaires. Deux grandes nouvelles ont marqué les luttes des Fralib et des SeaFrance. Le 17 novembre, la Cour d’appel d’Aix-en-Provence a annulé le Plan de « sauvegarde » de l’emploi de la société Fralib. En clair, c’est la deuxième fois que le groupe Unilever voit son plan de fermeture de l’usine de Gémenos (13) retoqué par la justice. De quoi renforcer les salarié-es dans leur négociation pour obtenir la marque l’Elephant et l’usine que le groupe veut fermer.
Les salarié-es de SeaFrance, la compagnie de ferries trans-Manche, ont aussi obtenu des points importants dans leur projet de reprise en SCOP. Le 16 novembre, le Tribunal de commerce de Paris a maintenu l’activité jusqu’au 28 janvier tout en rejetant l’offre de reprise de DFDS, compagnie danoise, dont le plan prévoyait de nouvelles suppressions d’emplois. Cette annonce a été accueillie avec soulagement par les salarié-es dans la mesure où elle leur laisse le temps de finaliser le projet de reprise. Une bonne nouvelle n’arrivant pas seule, la région Nord-Pas-de-Calais s’est engagée à réaliser un apport financier de 10 millions d’euros, ce qui constitue une bonne base pour réaliser un effet de levier permettant d’obtenir les 20-25 millions d’euros nécessaires à la reprise de l’activité. Tout indique que ce projet pourrait bien voir le jour.